« exagération », «discours alarmiste», c’est en ces termes que des experts économiques ont qualifié, vendredi, les dernières déclarations des responsables gouvernementaux sur la situation financière dans le pays. Ils ont estimé dans des déclarations à l’Agence TAP, que les Tunisiens ont besoin de « message positif », d’autant que le gouvernement se prépare à lancer un emprunt obligataire national.
Pour Ridha Chkondali économiste, « nous ne pouvons pas parler d’incapacité de l’Etat à payer les salaires de ses fonctionnaires octroyés en monnaie nationale, d’autant que dans les cas extrêmes, l’Etat pourrait avoir recours à un emprunt auprès de la Banque centrale de Tunisie (BCT) en dépit de l’impact d’un tel choix sur l’inflation».
Selon cet expert, le porte-parole du gouvernement aurait du conférer davantage de « sagesse » à son discours et « s’informer davantage » de la situation actuelle, surtout que le pays s’apprête à lancer un emprunt obligataire pour mobiliser des ressources au profit du budget de l’Etat 2014.
Il a ajouté que les déclarations de M. Ouerfelli traduisent particulièrement des appréhensions quant à la capacité du gouvernement à mobiliser suffisamment de ressources étrangères en 2014, “sachant en outre que les visites effectuées à l’étranger par le premier ministre provisoire ont donné lieu à des promesses d’accords de crédits et non des crédits”.
De son côté, Karim Trabelsi, expert auprès du département des études, relevant de l’UGTT, a dénoncé un « discours alarmiste » dont l’objectif est de « contrecarrer les revendications sociales et d’intimider la principale organisation syndicale». Pour cet enseignant universitaire, “le problème auquel nous faisons face actuellement est un problème de liquidité et non pas de solvabilité”.
Il est dû, a-t-il dit, à la concomitance du paiement des intérêts des crédits contractés par la Tunisie auprès de bailleurs de fonds internationaux, (fin de chaque trimestre) avec le retard enregistré dans l’encaissement des recettes fiscales en raison notamment de la grève des agents du ministère des finances. Pour M. Trabelsi, de telles inquiétudes n’ont pas de raison d’être, d’autant que les ressources fiscales (taxes, redevances ) “constituent 70% des recettes budgétaires”.
L’expert a rappelé que « le discours alarmiste » a fait son apparition quand des voix se sont élevées pour réclamer des négociations sur des augmentations salariales dans le secteur public.
Il traduit des craintes dont l’objet ne sont pas les incidents budgétaires de telles augmentations (environ 250 millions de dinars) mais plutôt la crainte d’entrainer également des négociations dans le secteur privé.
Le porte-parole officiel de la présidence du Gouvernement et le ministre auprès du Chef de gouvernement, chargé de la coordination et du suivi des affaires économiques Nidhal Ouerfelli avait affirmé jeudi, que «le ministère des finances a pris des mesures exceptionnelles pour assurer le versement des salaires des fonctionnaires de l’Etat du mois d’avril jusqu’au mois de juillet 2014″.
Il a déclaré aux médias au terme d’une réunion du conseil des ministres que « la situation des finances publiques, est difficile et critique notamment au niveau de la liquidité » précisant que “le déficit du budget de l’Etat a atteint 1,1 Milliard de dinars, à fin mars 2014.