Artère emblématique, depuis la Révolution, l’Avenue Habib Bourguiba s’affirme au fil des commémorations comme le lieu favori de retrouvailles des Tunisiens les jours de fête nationale ou à chaque événement d’envergure.
La célébration de la Fête des martyrs, ce mercredi, n’a pas failli à la règle. Il y avait grande foule le long du terre-plein central et même sur les deux chaussées, fermées à la circulation automobile et sous un foisonnement de drapeaux et de banderoles. Des chants nationaux et des slogans fusaient ici et là comme pour signaler la forte diversité politique des groupes présents sur l’avenue.
Ici tronaient aussi des tentes d’animation de deux partis rigoristes: Tounes Ezzeitouna et le Parti de la réforme et du développement. Certaines composantes de la société civile y avaient aussi les leurs.
Le Front populaire ne fut pas en reste. Ses dirigeants et un grand nombre de ses partisans se sont rassemblés pour évoquer leurs revendications habituelles qu’ils ont d’ailleurs tenu à rappeler dans des déclarations à l’agence TAP.
Mourad Amdouni, député et dirigeant au Courant populaire (parti du martyr Mohamed Brahmi), a souligné, à cette occasion, que le 9 avril ne doit pas être uniquement un évènement mémoriel mais aussi un nouveau palier pour parachever le processus révolutionnaire national et pour l’avènement d’un Etat civil, démocratique, progressiste et respectueux de ses citoyens. Il a surtout souligné l'”impérieuse nécessité de démasquer le ou les commanditaires des assassinats politiques en Tunisie”, au lieu de se limiter aux simples exécutants de ces crimes et autres comparses.
Meme tonalité dans les propos d’Ahmed Seddik, autre dirigeant du Front populaire et du Parti d’Attaliaa arabe démocratique, pour qui ” se contenter de célébrer la Fête des martyrs n’aurait aucun sens si persiste l’occultation de la vérité au sujet des dossiers des martyrs tombés à Kasserine, Sidi Bouzid, Thala, Regueb, dans le Grand Tunis et ailleurs, tout comme en ce qui concerne les vrais responsables des assassinats politiques.
Des groupes de jeunes de divers autres partis reconnaissables à leurs fanions et aux logos distinctifs de leurs banderoles et autres pancartes ont afflué toute la matinée durant, ajoutant au tumulte bon enfant de l’hyper- centre. Les nombreux commerces riverains n’ont pas laissé filer l’aubaine…
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Par delà les partis et en dehors des mouvements structurés, de nombreux cercles de discussion, grossis par les badauds, se sont formés spontanément ici et là, sous les ficus de l’avenue.
Le plus souvent, les sujets évoqués n’y avaient qu’un lointain rapport avec le Fête des martyrs. Il y était plutot question des principales préoccupations immédiates des Tunisiens et de sujet de société comme la corruption, la neutralité des mosquées, la cherté de la vie ou la montée du chômage.
La Galerie de l’information, à la façade richement pavoisée aux couleurs nationales, a abrité à cette occasion une exposition documentaire montée par le Centre de documentation nationale et dédiée aux évènements du 9 avril 1938, avec, entre autres, de nombreuses photographies inédites de la répression coloniale sanglante et des corps criblés de balles des manifestants.
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