Une approche globale pour faire réussir la transition démocratique, et ce pour des considérations géostratégiques. Pour les Américains, les enjeux internes demeurent plus importants que le reste. Ce qui revient à dire que ce qui se passe à l’échelle nationale n’occupe pas le haut du pavé des préoccupations US. Il n’empêche, la délégation tunisienne, présidée par le chef du gouvernement pour une visite d’Etat de quatre jour, a insisté sur la nécessité et l’urgence du soutien américain à la Tunisie pour justement garantir le succès de la transition démocratique. C’est d’ailleurs ce qui explique la promesse américaine pour la garantie de nouveaux prêts à la Tunisie et les prédispositions du FMI et de la Banque mondiale à accompagner notre pays dans les étapes à venir.
Mehdi Jomaâ a, pour sa part, appelé dans son discours prononcé à la Maison Blanche à consolider les échanges entre les deux pays dans tout ce qui se rapporte à l’économie du savoir en axant sur les nouvelles technologies. Il a rappelé que la Tunisie a achevé la rédaction d’une Constitution avant-gardiste et que son ambition est aujourd’hui d’œuvrer à redonner aux jeunes tunisiens de l’espoir en mettant en place des programmes concrets et réalisables pour la création d’emplois.
Le président américain a insisté sur l’importance de la lutte antiterroriste. Il a loué les efforts de Mehdi Jomaâ dans la gestion des affaires économiques de l’Etat et a assuré la Tunisie de la disposition de son pays à aider la Tunisie dans la consolidation de son assise socioéconomique pour faire face à la montée du terrorisme : “Nous sommes très contents de voir le gouvernement tunisien, conduit par Mehdi Jomaa. Nous avons confiance en ce jeune chef de gouvernement et sommes certains qu’il veillera comme il se doit sur la mise en place d’un cadre légal adéquat pour la préparation des élections et leur réussite et mener le pays à bon port avec un président et un Parlement élus. Les États-Unis consolideront leurs investissements en Tunisie et seront très présents dans ce qui touche à la sécurisation des frontières et la lutte contre le terrorisme”.
Un soutien inconditionnel, du moins officiellement, accordé par le gouvernement US à celui de Mehdi Jomaa pour conduire la Tunisie vers la rive du salut et sauver les meubles après qu’il ait réalisé son erreur stratégique consistant à renforcer un islam politique non adapté à la culture de la région maghrébine et contesté par une majorité des Tunisiens.
Obama n’a pas cité une seule fois dans son discours le terme “Islam modéré”. Est-ce le signal d’une remise en question des choix américains dans la région durant ces quatre dernières années? Il faut reconnaître que le souci des USA de préserver son image de marque en tant que garant de la démocratie et protecteur des droits de l’Homme refait surface après l’échec de ses politiques d’intégration d’un islam modéré dans la région. Des pays qui n’avaient pas besoin de nouvelles idéologies mais plutôt de nouveaux modèles de développement pour relancer leurs économies et offrir des emplois à des jeunes désorientés et déstabilisés. Sauf si les USA voulaient, par l’islam politique, justifier l’existence d’un État religieux, en l’occurrence Israël. Libre à eux mais avaient-ils besoin pour cela de renvoyer des pays comme la Tunisie, la Syrie, la Libye et l’Egypte dans les méandres du Moyen-âge?