Les 1e et 2e Régiments territoriaux sahariens, unités des plus aguerries de l’armée de terre sont déployés aux confins du sud tunisien.
Ils ont la responsabilité de la sécurité de deux vastes zones tampons frontalières de respectivement 35 et 25 mille Km2 où ne poussent que de maigres épineux et jonquilles à la pointe acérée. Autant dire que dans ces contrées sablonneuses, la nature est particulièrement inhospitalière.
Nulle âme n’y vit, ni même s’y aventure hormis ces intrépides anges gardiens de la patrie. Mais aussi les contrebandiers qui, épisodiquement, tentent de tromper la vigilance du dispositif.
Le plus souvent en vain. Ce sont là les dernières impressions qui restent en mémoire, après une visite guidée organisée en début de semaine, à l’intention d’un groupe de journalistes de divers médias.
Ces derniers ont toute la latitude de parcourir les bandes de territoire disposées en zones militaires tampons le long de la frontière, respectivement avec la Libye et l’Algérie. Là où, précisément, les trafiquants de tout poil avaient longtemps sévi ces dernières années.
Les journalistes ont été témoins des efforts harassants endurés par les militaires pour sécuriser les frontières et faire échec aux trafics des contrebandiers, notamment de carburant, de drogue, d’alcools, voire d’armes. Pour les déjouer et pour surveiller des territoires aussi étendus, la logistique est déterminante.
Les équipes mobiles d’intervention utilisent, en effet, de puissants véhicules tout-terrain et des hélicoptères, voire des méharis (dromadaires coursiers) et des mules. Les patrouilles dans les confins désertiques font partie de la routine quotidienne. Pour en avoir une idée, les journalistes ont pu assister à une simulation de patrouille du coté de Fatnassa. L’exercice consistait à prendre en chasse des véhicules suspects repérés par radar.
Ces derniers ont été rattrapés et stoppés dans leur fuite par les 4×4 de l’armée, avec l’assistance d’un hélicoptère. Juste après la démonstration et alors que la colonne regagnait Borj Bourguiba, une intervention en réel a du etre menée.
Rattrapé et neutralisé, le véhicule des contrebandiers s’est avéré être un pick-up chargé d’huile de cuisine en provenance de Libye et destiné au marché parallèle tunisien. Selon le commandant du 1e Bataillon saharien, le colonel- major Mongi Fathalli, la valeur de la cargaison saisie a été estimée à 8 mille dinars.
“Une broutille en comparaison des saisies précédents de marchandises de contrebande, y compris d’armes et de stupéfiants”, a-t-il ajouté.
Alors que la colonne était en mouvement en direction du check-point principal du no man’s land, au lieu prédestiné “Khcham Erramla”, en plein dans le Grand erg oriental, à une trentaine de kilomètres de la frontière algérienne, nous avons croisé une patrouille à dos de méharis, avec pour tout viatique de l’eau et des galettes “malla” (cuites sans feu dans le sable brûlant et immaculé du désert), accompagnées de viande séchée.
Chaque équipée de méharis vogue dans ce monde dunaire pendant plusieurs jours d’affilée. Celle que nous avons croisée au détour d’une dune était lancée aux trousses d’un groupe d’individus suspects dont la présence avait été détectée par radar.