L’abondance de la production de pommes de terre, durant l’année 2013, a engendré des difficultés au niveau de la commercialisation et du stockage, ce qui a acculé plusieurs producteurs à ne pas procéder à la récolte des quantités restantes de la production.
Selon les statistiques des services agricoles, la production de ce légume a dépassé les 400 mille tonnes, au cours de la saison 2013, soit une hausse de 15% par rapport à la moyenne annuelle, estimée à environ 350 mille tonnes. Ainsi, les superficies sur lesquelles l’arrachage n’a pas eu lieu s’élèvent à 1,8 mille hectares (ha) sur un total de 26 500 ha de terres semées en pommes de terres contre une moyenne annuelle de l’ordre de 24 mille ha.
D’après M. Yassine Ali, sous-directeur chargé de la régulation du marché au Groupement interprofessionnel des légumes (GIL), l’augmentation de la production est le résultat de l’orientation d’un grand nombre d’agriculteurs vers la culture des pommes de terre, vu la convenance des conditions climatiques et l’absence des champignons pathologiques et surtout la hausse du prix de ce légume.
Des difficultés au niveau du stockage
Par ailleurs, les quantités de pommes de terres stockées, depuis la saison écoulée (2012-2013), ont été à l’origine de l’entassement de ce produit, puisque celles-ci dépassent, actuellement, les 19 mille tonnes sur un total de 35,4 mille tonnes (stock régulateur de la production saisonnière 2013).
Le responsable a évoqué le problème de germination des pommes de terre, en raison du prolongement de la période de stockage, ce qui risque de les rendre inconsommables. Le secteur souffre de plusieurs difficultés dont la plus importante est le manque important au niveau de la demande manifestée par les marchés étrangers, notamment le marché libyen.
Un grand nombre d’agriculteurs affrontent, par ailleurs, actuellement des difficultés au niveau du paiement des coûts de la production, en raison de l’absence de commercialisation et de la régression des prix. Ces difficultés ont poussé un nombre d’agriculteurs à abandonner cette culture, tel le cas de Mouldi Romdhani (gouvernorat de Kairouan), qui a proposé de créer un office des pommes de terres qui prendrait en charge la régulation du secteur, au niveau de la maîtrise des quantités semées et des opérations de distribution.
Selon l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP) le ministère du commerce et de l’artisanat est responsable de cette situation. Le vice-président de l’organisation agricole Chokri Rezgui a rappelé que l’UTAP a mis en garde contre l’achat de quantités de semences de pommes de terres dépassant plus de 20000 tonnes, mais le ministère en a importé 25000 tonnes. Rezgui a appelé à trouver des solutions urgentes pour l’utilisation des quantités de pommes de terres entassées.
Il a également critiqué le fait de ne pas associer l’organisation agricole à la prise de décisions et l’ignorance des propositions de l’UTAP.
Le directeur du commerce intérieur au ministère du commerce et de l’artisanat Khaled Ben Abdallah a, pour sa part, précisé que la fixation des quantités de semences à importer ne relève pas des prérogatives du ministère du commerce et que cette décision doit venir du ministère de l’agriculture.