Najet Jebali, quinquagénaire habitant la localité de M’Hamdia, dans la Banlieue sud de Tunis, a été la première femme à prendre le volant d’un taxi individuel, dans le gouvernorat de Ben Arous.
Divorcée et mère de deux enfants, Najet raconte, dans une interview accordée à l’agence TAP, à l’occasion de la journée mondiale de la femme (8 mars 2014), comment elle a quitté son travail dans une usine, pour faire ce qu’elle aimait, depuis son jeune âge, “conduire un véhicule”.
Ce petit bout de femme au sourire chaleureux, n’a oublié aucun détail, en racontant ses débuts dans ce métier resté longtemps, la chasse gardée des hommes, et qu’elle exerce depuis 17 ans.
Quand elle s’est présentée pour avoir son permis de place, elle était, effectivement, la seule femme dans une salle pleine d’hommes. Pourtant, elle a réussi à décrocher son “visa” pour “circuler”. C’était bien avant la révolution.
Gardant son charme malgré ses 53 ans, Najet, d’apparence fragile et sensible, cache une volonté d’acier et un caractère fort. Elle s’est forgée une bonne réputation dans le milieu des taximen, où tout le monde la respecte pour sa loyauté, sa générosité et sa droiture.
“Demande à mes collègues et amis taxistes, ils te diront que la “1172” est une femme extraordinaire et qu’elle est la meilleure au volant et dans la vie, ils te diront aussi, qu’elle est une grande militante”, a lancé avec fierté, Najet Jebali.
“1172” est, en fait, le numéro d’immatriculation de sa voiture jaune qu’elle ne cesse de citer comme si elle parlait d’elle même, non pas parce qu’elle est un numéro pour ces collègues, mais parce que, sur la route, ils la reconnaissent ainsi et “quand elle tombe en panne, ils viennent tous à sa rescousse”.
Chacun milite à sa façon, pour elle, le travail est sacré et le fait de bien éduquer et d’assurer l’avenir de ses enfants est aussi, un exploit.
Chaque jour, elle sort de sa maison à 5h00 du matin pour n’y retourner qu’à 15h00. Elle part avec le coeur plein d’amour pour ses deux enfants et ne quitte pas des yeux la route. “Je respecte la signalisation, il n’est pas question de mettre la vie de mes clients en danger”.
“Les harcèlements et les agressions ne me font pas peur”
Cette quinquagénaire au caractère bien trempé, se considère comme une femme “jusqu’au-boutiste”, que rien n’arrête pour réaliser ses rêves et surtout “protéger ses enfants des vicissitudes de la vie”.
“Le métier de taxiste est véritablement, fatiguant et risqué, c’est pour cela que nous réclamons des mesures de sécurité et la retraite à 55 ans, mais c’est aussi, un domaine enrichissant et noble”, a lancé la taxiwoman.
Elle a fait savoir, avec un air de défi, qu’elle “n’a peur de rien”, en évoquant “le crime ignoble qui avait eu lieu récemment et dont a été victime, un taxiste de la région de Bizerte”.