“Schizo-Frères”, la nouvelle pièce de Hatem Belhaj,caricaturiste, chroniqueur et scénariste, présentée hier soir en avant première à El Teatro, a entraîné les spectateurs dans un voyage humoristique souvent chargé d’incidents burlesques, de quiproquos mais dont le nerf principal demeure le jeux de mots.
La satire atteint par moments des proportions inimaginables où l’auteur de la pièce tire, en tombant assez souvent dans le direct, sur tout ce qui bouge: du symbole de la révolution jusqu’au président de la république en passant par les constituants et les hérauts de la démocratie et des droits de l’homme. Cela dit,personne ne pourra épingler ni l’auteur ni ses protagonistes puisque cette pièce baigne dans la loufoquerie, l’hallucination, le délire,l’allusion et la divagation qui ont ponctué les cinq tableaux ou actes de la pièce.
Dans ce vaudeville d’un genre particulier, les deux et uniques acteurs jouent sans se croiser. Il n’y a aucun rapport entre les personnages à part le fait que chacun d’eux déraisonne: celui qui a perdu la raison à cause d’un amour au point de massacrer les membres de la famille de son âme-soeur, celui qui, à cause de la cherté de la vie, légitime le vol, ou encore celle qui se pavane de plateau en plateau télé pour vendre les larmes aux Talk Shows. N’est il pas vrai d’ailleurs que le malheur des uns fait le bonheur des autres? et que l’échec des naifs fait la réussite des opportunistes …une satire sociale pour nous rappeler qu’en temps de schyzophrénie endémique “mieux vaut en rire”.
Pour camper ces rôles, Hatem Belhaj, metteur en scène également , a fait appel à deux jeunes talents prometteurs, Issam Ayari, élève d’El théâtro Studio et Aymen Mejri de l’institut des arts dramatiques.
Le mélange des genres a permis au metteur en scène de concocter un vaudeville qui oscille entre le stand up et le one man show. Et entre les saynètes, les transitions sont assurées par la voix de Chayma Mahmoud, parodiant de airs connus en relation avec chaque personnage tout en conférant une atmosphère de music-hall à l’oeuvre théâtrale.
Une oeuvre où le jeu de mots…et de maux est hilarant . Et pour ceux qui ont beoin de rire et surtout de comprendre ce qui se passe aujourd’hui dans la tête du Tunisien,…des Tunisiens, tous frères sans s’en rendre compte, dans la schizophrénie, la pièce est absolument à voir. Une deuxième représentation est prévue samedi 1er mars à El Teatro en attendant d’annoncer le cycle des prochaines représentations.