Le président du Mouvement Nidaa Tounès, Béji Caid Essebsi, a écarté l’éventualité d’une alliance de son parti avec le Mouvement Ennahdha pour cause de référentiels différents. Il s’est dit par contre prêt à traiter avec Ennahdha «en tant que composante incontournable du paysage politique ».
Caid Essebsi a d’autre part rejeté, lors d’une conférence de presse tenue mercredi à Tunis, les accusations de «connivence avec Ennahdha» faites à son parti par Al-Joumhouri, démentant au passage l’intention que d’aucuns prêtent aux deux mouvements de vouloir partager le pouvoir.
Le retrait du parti Al-Joumhouri de l’Union pour la Tunisie a laissé «un grand vide», a-t-il également déploré, indiquant que les divergences à l’origine de ce retrait tiennent au fait qu’Al-Joumhouri demandait la formation d’un front électoral contrairement à l’UPT qui était plutôt pour « un front politique».
Béji Caid Essebsi a en outre plaidé pour « la solidarité » des forces démocratiques, à commencer par le parti Al- Joumhouri, affirmant que ni lui ni son parti n’ont de problème avec quelque partie politique que ce soit et qu’il ne répondrait pas « aux attaques en règle et aux accusations » dont il a dit être la cible.
Le président de Nidaa Tounès a, d’autre part, nié que son parti ait proposé Mohamed Ennaceur pour diriger le gouvernement de compétences indépendantes, précisant que la candidature de cette personnalité avait été parrainée par 14 partis participants à la conférence du Dialogue national.
Pour autant, a-t-il ajouté, Nidaa Tounès « s’honore de compter parmi les siens une personnalité nationale de la stature de Mohamed Ennaceur ».
Dans un tout autre registre, Caid Essebsi a dévoilé avoir été informé aujourd’hui qu’il était « sous le coup de menaces d’assassinat depuis qu’il est question de sa candidature à la présidence de la République ».
A propos de cette dernière question, il a jugé « prématuré » d’en parler. S’exprimant par ailleurs au sujet du terrorisme, le président de Nidaa Tounès a considéré que si ce fléau a pu s’incruster au sein de la société tunisienne, la cause en revient à « la mollesse avec laquelle certaines parties avaient traité, deux années durant, le phénomène de la violence ». Il a estimé à ce propos que la Tunisie ne peut pas, à elle seule, faire face au terrorisme qui commande selon lui le développement de la coopération régionale, en particulier avec l’Algérie qui, a-t-il dit, « est parvenue à éradiquer ce fléau au prix d’un long combat ».
Béji Caid Essebsi a d’autre part exalté les lourds sacrifices consentis par les forces de sécurité et l’armée, de même que le rôle éminent qui est le leur en matière de lutte contre le terrorisme, appelant à ce qu’ils soient mieux équipés, entraînés et dotés de matériel de protection.
Il a aussi demandé au gouvernement Mehdi Jomaa de faire du dossier du terrorisme sa toute première priorité, au vu de l’importance primordiale de la stabilité en termes d’impact sur tous les domaines de la vie, en particulier sur la relance économique et l’attraction des investissements, recommandant d’affecter un budget spécial à ce dossier dans la loi de finances complémentaire envisagée.
Le président de Nidaa Tounès s’est par ailleurs réjoui du bilan positif du Dialogue national, l’imputant aux efforts de la société civile et des partis politiques, soulignant l’importance qu’il y aurait de le reprendre au plus vite, de lui conférer une dimension sociale et de s’engager à appliquer rigoureusement les dispositions de la feuille de route, à commencer par la révision des nominations politiques, notamment au niveau du ministère de l’Intérieur.