Les “noces de la démocratie“, le slogan qui a accompagné l’achèvement du texte de la Constitution n’est pas fortuit. Il a servi d’écran de fumée pour masquer l’état d’expectative extrême dans lequel le gouvernement Laarayedh a su tenir le bon peuple. Le pays est en attente non pas d’un manager mais d’un urgentiste, celui-là même qui va réaliser les promesses faites par ceux qui l’ont précédé. Tout et tout de suite, se dit tout bas, le bon peuple. Et, c’est l’occasion de rappeler que la première des vérités qu’on a cachées à Mehdi Jomaa c’est qu’il n’aura pas d’Etat de grâce.
Il n’aura pas le bénéfice des cent jours, le temps de voir venir. Il lui faudra aller au charbon, tout de go, et jouer au pompier et à l’urgentiste pour éteindre la flamme revendicative, qui couve depuis un certain temps…
L’épreuve d’investiture n’a pas été particulièrement dure pour nouvelle équipe et on est dans l’embarras de dire si c’est la dream team. Et puis il y a eu ce panachage procédural, pas très réussi. On a choisi le style managérial à l’anglo-saxonne, appelant à la barre un “maître manager“ et une task force de technocrates, soit. Mais pourquoi avoir switché vers la mode latine, pour le reste?
Mehdi Jomaa nous a servi un discours incantatoire de “politique générale“ là où on attendait une audition sur le mode du Congrès américain afin de valider son plan de bataille, par un stress test démocratique. N’avons-nous pas vécu une révolution? La rupture était donc de mise. Hélas, elle ne fut pas au rendez-vous…
Faire disserter le nouveau ministre de l’Economie et des Finances sur la nécessité de l’austérité, ce ne sera pas payant! En politique, il faut savoir dealer avec le peuple. Il faut présenter les “précédents comme des imbéciles“, disait Georges Clémenceau, et les “successeurs comme des incapables“ pour avoir le beau rôle.
C’est ainsi qu’a fait Ennahdha. Elle a indemnisé les “durs“ de ses troupes pour leur faire oublier les misères des années de braise et de vaches maigres, consolidant ainsi son socle électoral. Et, elle a monnayé la Constitution “émancipée“ en instituant la Zakat et le retour des habous. Elle a autorisé ses sympathisants à occuper la rue et vivre de l’informel avec une franchise fiscale, et elle a laissé le plus dur à ses remplaçants, c’est-à-dire son passif. Le tout pour le nouveau gouvernement sera d’esquiver cet héritage. Il réussirait sa mission au moins aux 3/5 et ce serait mieux que de prendre plein tarif en endossant les gamelles du gouvernement précédent.
Par Ali Abdessalem
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