Le chef du gouvernement désigné Mehdi Jomaa a présenté ce mardi à l’Assemblée nationale constituante les grandes lignes et priorités de son programme lors de la séance plénière de vote de confiance devant officialiser son entrée en fonction.
Il a d’abord réaffirmé sa volonté de se conformer aux dispositions de la Constitution, à la Feuille de route et aux compromis nationaux.
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« Nous serons à équidistance des uns et des autres et respecterons la diversité des sensibilités intellectuelles et politiques de l’ensemble des Tunisiens », a-t-il assuré Il s’est en outre engagé à faire de son mieux pour assurer le succès des prochaines élections, protéger les valeurs de la République, garantir les droits et libertés, combattre toutes les manifestations de non droit, lutter contre la violence et le terrorisme, contribuer à définir les contours d’un nouveau schéma de développement et restaurer la confiance des partenaires économiques.
Jomaa a également donné un assez large aperçu des priorités politiques, sécuritaires, économiques et sociales sur lesquelles le nouveau gouvernement entend travailler en cas de vote de confiance positif, assurant que son équipe est hautement consciente de la nature cruciale de l’étape et de l’ampleur du chalenge, mais « désireuse de servir l’intérêt de la Tunisie en toute indépendance et neutralité ».
Mehdi Jomaa a ensuite détaillé à l’intention des députés les priorités qu’il a dit vouloir placer au cur de l’action de son équipe au cours des mois à venir. //Priorités politiques: Créer un climat favorable pour les prochaines élections//
Pour Mehdi Jomaa, la finalité première et donc la raison d’être de ce gouvernement est de conduire le pays vers des élections générales libres, loyales, transparentes et au- dessus des contingences.
« Le devoir nous commande de travailler ensemble à entourer les élections d’un climat sain. Aussi, sommes- nous engagés à favoriser la compétition loyale, dans le respect de la loi », a-t-il dit, faisant remarquer que la loi fait obligation d’assurer la neutralité des gouverneurs et des administrations concernées par le dossier électoral, ainsi que de revoir les nominations sur la base des critères d’impartialité, de compétence et de probité, dans toutes les fonctions pouvant être en rapport avec les élections.
Rappelant que la Tunisie avait pâti des polarisations partisanes et politiques, Mehdi Jomaa a appelé à renouer avec la belle solidarité manifestée par le peuple tunisien lors de la révolution « afin de placer la Tunisie sur la trajectoire de la réussite et en faire un des pays leaders en matière de démocratie».
//Au plan sécuritaire: Faire la vérité sur l’assassinat de Belaid et Brahmi et assurer la sécurité dans le pays//
Mehdi Jomaa a affirmé que le gouvernement mettra tout en oeuvre pour faire toute la vérité sur l’assassinat des opposants politiques Chokri Belaid et Mohamed Brahmi et faire juger leurs meurtriers. Après avoir salué le rôle des institutions sécuritaire et militaire en matière de protection de la patrie, le chef du gouvernement désigné a fait part de la détermination à combattre le terrorisme et à développer la coopération avec les pays voisins dans le but de sécuriser les zones frontalières. Il s’est aussi engagé à combattre le fléau de la contrebande en imposant la primauté du droit et en y mettant tous les moyens matériels indispensables.
//Priorités économiques: nécessité d’une loi des finances complémentaire//
Mehdi Jomaa a déclaré qu’au vu de l’amélioration des indicateurs macro-économiques, le nouveau gouvernement envisage une loi des finances complémentaire qui, d’après lui, sera incontournable pour garantir les grands équilibres et accroître la compétitivité de l’économie. Il a annoncé, dans le même contexte, un certain nombre de mesures destinées à regagner la confiances des partenaires économiques de la Tunisie et à rompre avec les pratiques des trois dernières années.
L’explication en est que, selon lui, « les mesures exceptionnelles prises au cours des trois dernières années dans le but déclaré de réaliser les objectifs de la révolution mais en fait sous la pression des revendications en faveur de l’élargissement du champ d’intervention au profit des catégories sociales défavorisées, et qui se sont traduites par des vagues de recrutements massifs dans le secteur public et des majorations salariales généralisées ont conduit à une hypertrophie des charges salariales et à une explosion du budget de compensation » (des produits de première nécessité).
Il a également fait remarquer que cet effort de l’Etat, bien que considérable, ne s’est pas accompagné d’un regain de travail et de productivité, encore moins du niveau de vie des populations. « A quoi servirait une telle démarche fondée sur l’augmentation des dépenses publiques et le recours à l’endettement extérieur dans un contexte de décroissance? », s’est-il interrogé.
« Les nouvelles solutions », a-t-il dit, « commandent de stopper l’hémorragie de la dégradation de la situation financière, relancer la machine économique, créer des emplois, accroître la cadence de réalisation de projets, développer les régions, réduire les déséquilibres entre elles et discipliner le système de compensation, outre la réforme des systèmes de retraites et d’assurance-maladie, le sauvetage des entreprises publiques et l’assainissement des finances publiques ». Mehdi Jomaa a indiqué que pareilles actions nécessitent des réformes structurelles et des ressources financières que la Tunisie est incapable de mobiliser à elle seule.
« Nous compterons d’abord sur nous-mêmes et sur la solidarité des Tunisiens, mais nous compterons aussi sur le soutien des pays frères et amis et des institutions financières pour nous aider en cette étape si cruciale de la transition démocratique », a-t-il dit.
//Au plan social: Trêve sociale et contrat social//
Le chef du gouvernement désigné a indiqué que, face à tous ces enjeux et défis auxquels l’économie nationale est confrontée, « notre pays a aujourd’hui besoin d’accalmie sociale », se disant persuadé que « l’esprit de coopération et de concorde entre les organisations nationales impliquées dans le dialogue national est à même de nous permettre d’atteindre cet objectif ». Il a également plaidé pour un contrat social et la mise en place d’un Conseil national du dialogue national.
//L’emploi: Une priorité autant qu’un long combat//
Le nouveau chef du gouvernement a admis que le dossier de l’emploi figure encore en tête des priorités et difficultés sociales. « C’est un long combat harassant et complexe », a-t-il dit, assurant que le gouvernement « assumera ses responsabilités » et appelant les jeunes tunisiens à prendre l’initiative, à se doter des qualifications indispensables et de compter sur eux-mêmes.