Abdellatif Mekki, ministre sortant de la santé, a conseillé son successeur de se comporter comme s’il était un ministre permanent et non provisoire et de traiter “avec courage” l’ensemble des dossiers qu’il trouvera sur son bureau.
Dans une interview accordée, lundi, à l’agence TAP, Mekki a parlé, notamment, de la question du travail des médecins résidents et internes dans les régions intérieures, de l’affaire d’agression du professeur Chokri Kadour, de la situation de la CNAM et du conflit qui existe entre les secteurs public et privé de la santé. Il a rappelé que le ministère de la Santé est parvenu à un accord avec le syndicat des médecins internes et résidents sur l’octroi d’un temps de réflexion de quatre mois afin de parvenir à une solution consensuelle concernant le projet de loi relatif au travail des médecins spécialistes dans les régions intérieures.
“Cette initiative date d’un mois et aurait du être appliquée depuis son lancement”, a-t-il dit. “Nous sommes intransigeants sur le coeur du problème, mais nous pouvons modifier quelques termes de ce projet de loi”, a-t-il ajouté.
Abdellatif Mekki a rappelé que l’ancien président Habib Bourguiba avait contraint les médecins, nouvellement diplômés, à travailler durant deux années dans les zones rurales pour rapprocher les services de santé des citoyens. “Nous faisions, certes, partie d’un gouvernement provisoire, mais nous avons pris nos responsabilités et ouvert des dossiers vitaux, en oeuvrant à mettre en place des mécanismes à long terme afin de rééquilibrer la carte nationale de santé”.
Toujours dans le cadre des points de divergences entre le ministère de la Santé et les médecins, Abdeltif Mekki a affirmé que la polémique créée suite à la décision de mettre en place quatre facultés de médecine dans les régions intérieures n’aurait pas du avoir lieu puisque “le ministère s’est concerté avec toutes les parties prenantes et dispose des procès verbaux qui confirment ces propos”. Quant à l’affaire de l’agression du professeur Chokri Kadour qui a pris une grande ampleur, Abdeltif Mekki a déclaré que “la victime dans cette affaire est bien le ministère de la santé”, ajoutant que ceci ne l’empêche pas de condamner cette agression.
Evoquant la question de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), dont le déficit a atteint 32 millions de dinars, Abdeltif Mekki estime que ce “déficit est le résultat logique du concept même de la CNAM, mis en place par l’ancien régime sous la pression des lobbies libéraux”, ajoutant que le projet-loi relatif au travail des médecins spécialistes dans les régions de l’intérieur peut être une solution pour diminuer la pression du recouvrement des médicaments par la CNAM. Dans ce cadre, le ministre de la Santé a affirmé que le secteur de la santé publique souffre de “magouilles des médecins travaillant dans le secteur privé qui essaient de faire couler le service public pour augmenter leurs gains.