Le secteur de l’artisanat dans le gouvernorat de Kébili mérite assurémment un meilleur sort avec ses 10 mille artisans dont 80% de femmes. Un potentiel humain qui n’arrive pas à exprimer tout son talent ni à bénéficier correctement de ses produits. Le secteur stagne et ne parvient pas à décoller en raison des difficultés de commercialisation illustrés notamment par l’incapacité des professionnels à participer aux foires et salons.
Le manque d’innovation représente un autre handicap majeur pour l’artisanat à Kébili, souligne Neyla Ibrahim, Président du projet “voix de femmes pour la promotion de la femme rurale”. Elle estime que l’artisanat de Kébili reste rudimentaire et ne confère pas aux produits des touches artistiques innovantes qui lui permettent d’être concurrentiel tant sur le plan national qu’international.
A Kébili, l’artisanat est resté confiné dans des structures familiales avec des marges bénéficiaires insuffisantes, alors qu’il aurait fallu opérer dans des ateliers et créer des entreprises, a-t-elle fait remarquer.
L’artisanat de Kébili n’est pas suffisamment représenté dans les grandes foires et salons nationaux et internationaux, à cause des frais de participation très élevés. Aussi, a-t-elle suggéré, faut-il lancer un appel aux autorités de tutelle de prendre en charge les frais de participation notamment en ce qui concerne le déplacement et le séjour, afin de permettre aux artisans de Kébili de faire connaitre leurs produits.
Aicha, une artisane de la région qui dirige une entreprise familiale de textile, a regretté de ne pas avoir les moyens de ses ambitions, puisqu’elle ne parvient pas à aggrandir son entreprise faute de crédits. Elle a ajouté que les structures d’appui et de financement ne prennent pas en charge les projets artisanaux, alors que les subventions de l’Etat sont très insuffisantes et ne permettent pas parfois d’acheter les matières premières necessaires pour la réalisation d’un projet.
De son côté, le commissaire régional à l’artisanat, Abdelkérim Maali, a reconnu que le secteur de l’artisanat connait des difficultés dont notamment le manque de création et de financement. Il a appelé les banques à soutenir ce secteur qui peut accaparer la main d’oeuvre. En outre, a-t-il ajouté, l’office national de l’artisanat doit organiser un salon internationale à Kébili qui permetra de mieux faire connaitre les produits de la région.
Par ailleurs, a-t-il rappelé, le projet de création d’un village artisanal dans la ville de Kébili qui sera achevé fin 2014, permettra aux artisans de disposer d’espaces aménagés pour la production, l’exposition et la commercialisation et encouragera aussi l’innovation.
Il a également souligner l’intérêt pour les professionnels du domaine de préserver la spécialité de la région dans le domaine de l’exploitation des fibres naturelles végétales, particulièrement la plante de “Smara”, réclamant de l’Institut des zones arides de renforcer la recherhe scientifique pour que cette plante sauvage qui se raréfie puisse être cultivée.