Tunisie : le douloureux chemin de la démocratie

Depuis sa révolution en janvier 2011, la Tunisie connaît une transition difficile mais qui laisse néanmoins espérer l’émergence d’un système politique au sein duquel pourraient cohabiter des formations politiques porteuses de projets diamétralement opposés.

Trois ans après la rupture de janvier 2011, la scène politique est actuellement occupée par deux pôles différents : d’une part, le parti islamiste Ennahda, vainqueur des élections d’octobre 2011 et d’autre part, le Front de Salut National constitué par une alliance d’associations diverses et de deux grands partis politiques, Nidaa Tounes et le Front populaire.

Le départ du président Ben Ali, au crépuscule du 14 janvier 2011, a laissé place à un moment transitionnel qui s’est organisé en deux séquences, celle qui a précédé les élections du 23 octobre 2011 et celle qui commence après cette consultation électorale.

Au cours de la première période transitionnelle (15 janvier 2011- 23 octobre 2011) trois gouvernements se sont succédés – les deux premiers ont été dirigés par l’ancien premier ministre de Ben Ali, Mohamed Ghanouchi et le troisième par Béji Caïd Essebssi, un ancien ministre de Bourguiba. Dans les deux cas, il s’agissait de responsables politiques de l’ancien régime. Dès la première transition, les Tunisiens ont vécu une formidable transformation de leur espace d’expression politique, avec une pluralité d’acteurs, plus de cent partis politiques, près d’un millier d’associations, des médias et une presse écrite qui abandonnent le ton rigide et convenu du passé pour adopter, très rapidement, un ton révolutionnaire. Mais cette expression qui se fait de manière plurielle se fait aussi dans le conflit sur le légitime et l’illégitime, sur les acquis du passé qui seraient à mettre en relation avec les « acquis de la révolution ». Durant cette première séquence, qui voit se mettre en place des institutions transitoires, la vie politique et sociétale s’articule autour d’une interrogation : Comment rompre avec le passé au nom des « valeurs de la révolution » ? Et si on ne peut pas rompre avec ce passé, que faut-il en garder ?

Source: Affaires-strategiques.info