Le Tribunal de première instance de Tunis a reporté ce lundi l’examen de l’affaire des deux policiers violeurs d’une jeune fille pour cause de non comparution d’un des deux prévenus, a appris l’agence TAP auprès de l’avocate de la partie civile, Me Radhia Nasraoui.
Selon Nasraoui, l’accusé absent de l’audience n’avait pas pu être amené pour des motifs de santé de l’établissement pénitentiaire où il est détenu.
La défense de la victime du viol, connue du public sous un prénom d’emprunt, Meryem, a réitéré les demandes faites lors de l’audience précédente d’entendre de nouveau la praticienne mandatée par la cour pour la réalisation des examens cliniques de la jeune fille après l’acte de viol.
Cette démarche, ajoute-t-on de même source, vise d’une part à expliciter la terminologie technique utilisée par la praticienne dans son rapport d’expertise, et, d’autre part, à présenter le dossier disciplinaire d’un des prévenus.
« Le fait que des agents de l’ordre aient pu se permettre de commettre un crime aussi odieux, d’attenter à l’honneur et aux biens des gens, voire de se livrer sur eux à des actes de torture et de les racketter ne s’explique que par l’absence de la redevabilité de comptes », a encore déclaré Me Nasraoui.
De son coté, Me Martin Pradel, avocat au barreau de Paris présent à l’audience en sa qualité de membre de la délégation de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), a qualifié de « honteux », dans une déclaration à l’agence TAP, le report d’une affaire « d’un genre particulier dans la mesure où la victime aussi bien que les prévenus attendent depuis si longtemps que justice soit faite ».
Mettant en garde contre toute tentation de politiser l’affaire, il a souligné que son caractère particulier tient au fait que le crime a été commis à l’endroit de la victime par des fonctionnaires ayant fait « le serment de protéger les citoyens ».
Quant à l’avocat d’un des accusés, Fethi Layouni, il a insisté sur le fait que l’affaire en question est « une simple affaire de droit commun » et que les accusations portées contres les prévenus ne « sont pas évidentes », s’en prenant à « certaines parties qui cherchent à faire de ce dossier une affaire de société dans un dessein politique ».
Le viol pour lequel comparaissent les prévenus avait été commis dans la nuit du 3 au 4 septembre 2012. « Meryem » avait été violée par deux policiers alors qu’un troisième s’était occupé du fiancé de la jeune fille pour le racketter et lui soutirer de l’argent, selon la version des faits donnée par la partie civile.