Détérioration de l’état sanitaire des animaux en Tunisie

L’état de santé des animaux en Tunisie est en dégradation vu la prolifération de plusieurs maladies animales, tel est le principal constat fait par les participants à une conférence nationale organisée, jeudi, à Tunis, sur «le système vétérinaire et le développement du partenariat public-privé (PPP)».

La prolifération des maladies animales (tuberculose des vaches, rage, kystes …..) est un danger qui menace le système de production animale et la sécurité sanitaire des animaux et partant constitue une menace pour la santé de l’Homme et son alimentation, ont mis en garde les participants à la conférence. 63% des maladies diagnostiquées chez l’Homme proviennent essentiellement des animaux et 75% des maladies animales émergentes détectées sont transmissibles à l’Homme, selon les données présentées à cette occasion.

Il ressort de ces mêmes statistiques que 80% des maladies qui menacent la santé de l’Homme sont d’origine animale. Dans son intervention, M. Mohamed Ben Salem ministre de l’agriculture a souligné que la garantie d’une couverture sanitaire vétérinaire efficace et le développement d’un système sanitaire vétérinaire nécessitent une meilleure collaboration entre le public et le privé.

Il a appelé l’administration à être à l’écoute des professionnels (éleveurs, producteurs, industriels) de manière à répondre aux aspirations de la profession. De son côté, M. Néjib Slama, président du conseil national de l’ordre des médecins vétérinaires de Tunisie a fait savoir que le secteur fait face à plusieurs problèmes.

Il a cité, à ce propos, le manque de moyens de travail dont disposent les médecins vétérinaires dans le secteur public et la rareté des médicaments dans le secteur privé en plus, de la difficulté d’approvisionnement auprès des pharmacies centrales. Il s’agit également du manque d’équipements dans les écoles vétérinaires, de l’accroissement du nombre des intrus dans le secteur et de la prolifération du commerce parallèle des médicaments vétérinaires.

M. Slama a mis l’accent sur la nécessité de garantir un approvisionnement en vaccins auprès des grossistes régionaux et de renoncer aux pratiques illégales pour l’obtention de ces médicaments. Les participants à la conférence ont appelé à mettre en place une stratégie nationale développée, basée sur le rapprochement des services sanitaires, l’encadrement des éleveurs, le développement des mécanismes de veille et l’évaluation périodique via la restructuration de la direction générale. Ils ont appelé à créer un conseil national de la santé animale, un service national des pathologies des ruminants, des volailles et des poissons, outre l’exécution d’un programme de mise à niveau des laboratoires.

Le renforcement du contrôle des médicaments, la mise en place de centres avancés sur les frontières, l’organisation de sessions de formation et la sensibilisation des éleveurs vétérinaires ont également été suggérés par les participants. Les professionnels aspirent, selon le représentant de l’organisation agricole, à améliorer les recettes des agriculteurs, augmenter la production, promouvoir la qualité des produits animaliers et préserver la richesse animale.

Le vétérinaire et représentant de la direction générale des services vétérinaires Fayçal Dahmani a souligné que son service œuvre à mettre en place une stratégie de réforme notamment en termes de restructuration administrative et de refonte du système de santé animale, conformément à l’évaluation effectuée par l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE) fin 2013.

Cette stratégie vise à lever les restrictions sanitaires sur l’exportation des produits animaliers tunisiens et la réforme du système législatif pour l’adapter aux normes internationales. La Tunisie compte 1200 médecins vétérinaires dont 440 exercent dans le secteur privé et 450 étudiants poursuivent leurs études en médecine vétérinaire à l’université tunisienne.