Quand on est en perte d’arguments, quand on est dans l’incapacité de négocier, on recoure à la contrainte par la justice!
Aujourd’hui, c’est arrivé ! Et pour la première fois dans l’histoire de la médecine tunisienne. Une jeune résidente a été réquisitionnée pour assurer le travail aux services d’urgence de l’hôpital Charles Nicolle.
Les raisons? L’obstination du ministre de la santé à mettre en œuvre une idée, qui n’est d’ailleurs pas la sienne : celle du service civil.
Rappelons pour l’histoire, que la mesure de service civil pour les médecins spécialistes avait été prise par Mondher Znaidi, du temps où il était ministre de la Santé. Elle consistait à envoyer les résidents à l’intérieur du pays en assurant le gîte et en leur accordant les indemnités de transport, pour un débutant, il pouvait démarrer avec 1000 dinars de salaire. Pour les spécialistes, les augmentations pouvaient atteindre les 1000 dinars dans des régions comme Nefta et Tataouine sans parler des autorisations d’exercer deux après midis par semaine dans des cabinets privés. Le but était de garder les compétences et de ne pas vider le secteur de la santé publique de ses meilleurs éléments, ce qui ne cesse pas de se produire depuis deux années. Toutes les décisions étaient prises en étroite concertation avec l’administration centrale. “Avec Mondher Znaïdi, notre dignité était au moins préservée” a déclaré un professeur agrégé scandalisée par la décision d’Abdelatif El Mekki.
Il faut reconnaître que l’art de négocier n’est pas le propre du gouvernement provisoire, passé maître dans celui de vouloir imposer sa vision des choses quoiqu’il en coûte à la nation …
Pour revenir à la crise actuelle de la médecine hospitalo-universitaire, précisons que les médecins résidents de spécialité effectuent leur choix de stage chaque semestre. Suite au conflit déclenché par la dernière mesure prise par Abdelatif El Mekki de rallonger le service civil d’une année à trois ans, ils ont décidé de ne pas se prononcer quant au choix.
Résultat : nous en sommes aujourd’hui à ne pas savoir qui affecter et à quel service.
Réaction du ministère : la réquisition aujourd’hui, jeudi 2 janvier 2014 d’une assistante à l’hôpital Charles Nicolle. La réquisition des résidents se fera désormais selon les besoins des services, qu’il s’agisse des urgences, des services de chirurgie, ou autres.
Les choses risquent de s’aggraver demain vendredi 3 janvier, car tout le corps hospitalo-universitaire a décidé par solidarité d’observer une grève. Pauvre de ceux qui arriveraient des régions pour se faire soigner dans la capitale !
Le dernier locataire du ministère de la Santé aurait dû penser à améliorer la situation des hôpitaux, à engager la réflexion pour l’implantation de centres hospitalo-universitaires à travers tout le pays, à investir dans les équipements et dans la formation de médecins en perte de vitesse par rapport à leurs confrères et consœurs de par le monde et non à s’attaquer de front à un corps médical connu pour être très solidaire, pour disposer d’un lobby très fort et avec lequel, la confrontation mène, dans la plupart des cas à des conséquences désastreuses sur les patients et malades sis dans les hôpitaux.
Il voulait vendre l’image d’un ministre qui pense à ses compatriotes à travers l’idée de son prédécesseur.
Mais finalement, c’est toujours le peuple qui trinque !
Amel Belhadj Ali