Le palais Kheireddine, à la médina, a abrité, jeudi soir, le second vernissage de la première Biennale de Tunis d’Art Arabe Contemporain. La présence d’artistes, de jeunes et d’amateurs d’art à cette exposition démontre que les créateurs arabes demeurent toujours actifs.
Au rez-de-chaussée du Palais, un hommage posthume a été rendu aux pionniers tunisiens ayant marqué la scène artistique, la plupart étant de l’Ecole de Tunis, y compris ceux qui n’en faisaient pas partie tels que Aly Ben Salem ou Hatem El Mekki. Des sculptures, des tapisseries, des gravures et des tableaux ont illuminé les coeurs et la mémoire à travers des oeuvres d’une rare qualité de Safia Farhat, Ali Bellagha, Habib Bouabana, Habib Chebil, Ali Nacef Trabelsi, Abdelaziz Gorgi, Faouzi Chtioui et tant d’autres. A ce sujet, Sami Ben Ameur, ancien président de l’UAPT déclare à l’agence TAP :” Nous avons tenu à rendre hommage aux artistes tunisiens défunts car il n’y a pas d’art contemporain sans tenir compte d’un passé, d’une expérience, et c’est également pour dire que l’art se renouvelle dans la continuité”.
“Au moment où l’on vit une homogénéisation culturelle, la mémoire doit être présente, non pas pour la reproduire, mais pour construire avec” affirme ce membre du comité d’organisation de la biennale.
Au premier étage, une page de l’histoire se tourne pour en ouvrir une nouvelle avec 110 uvres, d’une cinquantaine d’artistes arabes et tunisiens, aussi multiples par le support que par le médium.
Dès l’entrée, se dévoilent deux sculptures en terre cuite et terre naturelle de Boujemaa Belaifa, “Terre d’accueil” et “Terre de rejet”, la première étant source de naissance et de vie, alors que la seconde représente une sphère qui implose, dominée par la technologie, autre forme de vie si différente de la nature et qui éloigne les proches et réunit les plus éloignés.
Marquent également cette biennale le travail de Brahim Azzabi ou Nomen Gmach, les installations de Lynda Abdeltif, de Kaouther Jellazi “Très Or Très femme” ou de Sarra Ben Attia coté tunisien, car on ne peut pas parler de tout.
A découvrir également les travaux de Sami Bchir, Mohamed Ben Meftah, Ali Ridha, Amor Kraiem, Hamda Dniden, Mourad Harbaoui, Walid Zouari et Fethi Ben Zakkour dans lesquels, l’empreinte de chacun est alliée à la créativité de l’oeuvre et à l’alchimie des couleurs.
Dans l’une des salles du palais, les tableaux de Aziz Ayachia (Algérie) retiennent l’attention. Ils s’inscrivent dans l’ancrage du patrimoine populaire algérien et maghrébin. Sa calligraphie est mise en relief par l’acrylique et des motifs répétitifs de frises mettent en valeur ses tableaux signés “Al Moutakhaffia” qui cache une femme sous la dentelle, et “un moment soufi”, qui rend hommage aux Ksours algériens.
Un grand bémol, aucune liste des oeuvres et des noms d’artistes n’a été spécialement élaborée pour cette exposition, marquée par la visite de Mehdi Mabrouk, ministre de la culture.
Cette manifestation se poursuivra jusqu’au 31 décembre. Le 17 décembre sera une occasion pour découvrir un catalogue de 1000 copies illustrant les travaux qui ont illuminé les cimaises des deux espaces de la biennale, à savoir, les palais Abdellia à la Marsa, et Keireddine à la médina. A cette occasion, Mongi Maatoug, membre du comité organisateur a invité le public à visiter ces espaces qui offrent l’occasion de “découvrir des artistes arabes de talent tels que Ismail Rifai (Syrie), Kadafi El Fakhri (Libye), Ahlem Lemseffer (Maroc), Mahmoud Ali Gadallah (Palestine), Amna Ali Al-Nusairi (Yemen) ou l’omanais Moussa Omar Al-Jazali”. “Sans oublier l’installation-sculpture du tunisien Mahmoud Bouchiba qui puise son esthétique d’une apothéose attendue en Tunisie” conclut cet ancien président de l’Union.