Tunisie – Politique – Médias : Le Livre noir, parole de qui? Pour qui? Et pourquoi?

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Que dire du «Livre noir» quand le tout Tunis médiatique (et accessoirement politique) y va de sa petite (ou grosse) réaction, et quand FaceBook, grand média devant l’éternel, dans cette Tunisie déboussolée, y a trouvé matière à faire du bruit ?

Le président Marzouki et ses collaborateurs ont eu tout faux sur un sujet pourtant de plus consensuel! Car, on savait tous dans le monde des médias que le pouvoir de Ben Ali avait corrompu plus d’un à coup d’argent et d’autres moyens, et on savait que plusieurs noms de la scène médiatique d’aujourd’hui avaient de quoi se faire reprocher devant la justice, le peuple et l’histoire.

Mais d’abord, il n’y avait pas que les journalistes à avoir été corrompus. Ont également été corrompus des politiques de divers partis ou sans partis, des syndicalistes, des militants de la société civile, des chanteurs, des sportifs, des hommes d’affaires… La liste est longue.

Deuxièmement, aucune partie, si neutre soit-elle, n’a le droit de s’arroger la justice à elle seule. Les dossiers de l’ancien régime doivent être ouverts, instruits et jugés dans un cadre consensuel de justice transitionnelle selon la loi et en dehors de toute manipulation partisane ou éthique.

En plus, quand une partie qui a accès aux archives de la présidence -ce qui est en soi un acte répréhensible, ces archives appartenant au peuple tunisien et non au président de la République- s’arroge un droit de tri, d’inventaire et de choix, on est dans un déni de justice clair. Quand cet acte est commis au nom d’un président, Moncef Marzouki, en l’occurrence, qui a passé le plus clair de sa vie à défendre l’Etat de droit et les droits de l’Homme, on est abasourdi.

En plus, les services de la présidence consacrent 13 pages de ce livre aux actes de militantisme de Moncef Marzouki et oublient les autres. Là on est carrément dans la propagande et aux frais des Tunisiens à qui appartiennent ces archives, ce palais, et qui payent de leurs impôts les fonctionnaires zélés qui perpétuent les «bonnes» manières de l‘administration de Ben Ali.

C’est triste pour Moncef Marzouki, pour son parti le CPR -ou ce qu’il en reste-, pour la Troïka au pouvoir qui est associée obligatoirement à ce travail!

Revenons maintenant au contenu de ce Livre noir, et disons que ce contenu n’est que le sommet de l’iceberg encore caché. Oui, plusieurs journalistes ont été des collaborateurs zélés, oui plusieurs ont reçu de l’argent de l’ATCE (Agence tunisienne de communication extérieure) ou de la présidence directement, comme plusieurs ont eu des cadeaux divers, des distinctions, des primes. Certains ont eu des autorisations de journaux et de radios, d’autres des terrains agricoles, des voyages à l’étranger, des promotions dans leurs cursus professionnels.

Il ne faut pas faire croire que les données du livre sont fausses. Elles ne le sont pas, au contraire elles sont fragmentaires et pas complètes, et c’est ce qui cloche dans le Livre noir surtout que la manière dont il a été divulgué a encore démontré que les tenants de cette affaire cherchent un but politique en se tournant vers Al Moutawesset TV connue pour ses accointances islamistes!?

En résumé le président Marzouki n’avait vraiment pas besoin de cette affaire de Livre noir, le pays n’avait pas besoin de plus de tensions par les temps très durs que nous vivons et la scène politique n’avait absolument pas besoin de cette énième épisode!