“Bastardo”, est le titre choisi par Néjib Belkadhi pour un long métrage de fiction d’une heure 46 mn, un drame puissant et amer, fruit d’une genèse qui a duré 6 ans. Ce film a été présenté mardi en projection spéciale pour les journalistes à la salle El Hambra à la Marsa, et pour la première fois en Tunisie, en présence d’artistes et de l’équipe du film.
L’histoire démarre par une scène où un bébé est retrouvé dans une benne à ordures. Surnommé Mohsen Bastardo par son entourage, ce dernier grandit dans un quartier miteux où la misère est presque palpable et dominé par Larnouba, un mafieux qui a pour menu favori le racket qu’il délègue à ses lascars.
Dans ce monde sans téléphones portables, Larnouba, un brin sensible sous airs de malabar, est mené par le bout du nez par une mère despotique et sans scrupules, Khadhra, brillamment interprété par Lassad Ben Abdallah, qui le force à être fort, violent et vindicatif.
Un jour, Mohsen voit sa vie complètement basculer lorsqu’il installe une antenne relais GSM sur son toit et l’ascension de ce “batard” est mal perçue. Une lutte sans merci s’installe alors entre les deux hommes et Bent Essengra, une mystérieuse fille aux insectes, secrètement éprise de Mohsen, poignarde Larnouba pour épargner la vie de l’homme qu’elle aime.
Ce film, d’un réalisme presque douloureux, tient en haleine le spectateur jusqu’à la fin. Il se détache de nombreuses productions tunisiennes de par un choix judicieux dans les dialogues, les costumes, les lumières et la mise en scène. Ce scénario est pénétré par langage violent où le dialecte est choisi à travers des mots réinventés qui expriment la tyrannie du pouvoir au coeur de ce film, presque zoomée dans le grand écran, un drame qui pourrait heurter les âmes sensibles.
Bastardo réunit des comédiens de talent dont Monoom Chouayet (Mohsen Bastardo), Lobna Noomane( Bent Essengra), Chedly Arfaoui (Larnouba), Lassad Ben Abdallah (Khadra) Taoufik El Bahri (Khlifa) et Issa Harrath (Am Salah).
La sortie nationale est prévue dès le 8 décembre dans les salles Cinemad’art à Carthage, Alhambra à la Marsa, Amilcar à El Manar, Le Rio à la capitale et prochainement dans les régions.
A l’issue de la projection, Néjib Belkadhi déclare à l’agence TAP “J’ai passé 6 ans de ma vie entre écriture et réécriture, recherche de financement et post-production”.
Ce long métrage de Propaganda Production (Tunisie) et co- produit par Mille et une productions (France) a coûté plus de 2 millions de dinars sachant que les pays de production sont la Tunisie, la France et le Qatar.
Ecrit alors que le président Ben Ali était encore au pouvoir, ce film qui se distingue par le jeu des acteurs et un scénario bien ficelé, pourrait être le précurseur d’une nouvelle vague de cinéma tunisien qui n’a pas un cachet uniquement local mais une couleur universelle.
Un défi, en somme réussi pour Néjib Belkhadi reconverti à la fiction après avoir eu la reconnaissance du public, en 2006, avec son premier film documentaire “VHS Kahloucha” qui avait participé à plus de 50 festivals.