Farhat Hached

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Farhat Hached (فرحات حشاد), né le 2 février 1914 à El Abassia (Kerkennah) et assassiné le 5 décembre 1952 près de Radès, est un syndicaliste tunisien.

Il est l’un des principaux chefs de file du mouvement national aux côtés de figures comme Habib Bourguiba et Salah Ben Youssef. Il est assassiné par le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE), un service de renseignements français, son assassinat étant pendant longtemps attribué à La Main rouge, une organisation armée favorable à la présence française en Tunisie.

En 1930, il devient employé à la Société du transport du Sahel, basée à Sousse, où il se voit offrir un poste de convoyeur. Il crée la même année au sein de son entreprise un syndicat de base, affilié à la Confédération générale du travail (CGT) française, entamant par la même occasion ses débuts dans le mouvement syndical tunisien. Il accède à des responsabilités diverses aux niveaux local et régional puis dans l’administration centrale auprès d’Albert Bouzanquet. En conséquence, il est renvoyé de son emploi en 1939.

Farhat_Hached-ugtt-2Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il vit des jours difficiles en raison de l’interdiction de toute activité politique et syndicale sous le régime de Vichy. Il se porte alors volontaire auprès du Croissant Rouge en vue de secourir des blessés, tâche qu’il accomplit en dehors de ses heures de travail. En 1943, il arrive à Sfax après son recrutement en qualité de fonctionnaire des travaux publics et reprend ses activités syndicales à l’Union régionale de Sfax. Il se marie la même année aux îles Kerkennah, le 15 octobre, avec sa cousine Emna.

Au congrès de l’Union départementale de la CGT, tenu en mars 1944, devant l’incapacité du syndicalisme métropolitain et de ses branches socialistes et communistes à apporter des réponses adaptées aux travailleurs tunisiens, il démissionne de la CGT. Hached et ses camarades leur reprochent d’« ignorer les aspirations légitimes des Tunisiens à l’indépendance nationale ». Dès novembre 1944, Hached prend l’initiative, avec d’autres syndicalistes tunisiens, de fonder un syndicat tunisien autonome. Il commence par l’Union des syndicats libres du Sud à Sfax, fixant comme priorité la justice sociale, l’égalité entre les travailleurs tunisiens et leurs homologues français et l’indépendance nationale. À Tunis, il crée, en 1945, l’Union des syndicats indépendants du Nord.

Le 20 janvier 1946, le congrès constitutif d’une organisation commune regroupant les syndicats autonomes du Nord et du Sud et la Fédération générale tunisienne du travail fondée en 1936, crée l’Union générale tunisienne du travail (UGTT). Hached est élu à l’unanimité comme le premier secrétaire général de la nouvelle centrale, à l’âge de trente-deux ans. Jean Lacouture le décrit dans ces termes quelques années plus tard:

farhat-hached-paris«Je ne crois pas qu’aucun de ses adversaires les plus acharnés lui ait jamais dénié la force de sympathie : « Ferhat, m’a dit un vieux dignitaire du Maghzen, ah ! le bandit, qu’il est gentil… » C’est un homme trapu qui vous accueille, la main tendue, le regard bleu et rieur dans un visage rond au teint clair. La voix aigüe surprend chez cet homme vigoureux à l’encolure de lutteur. Une petite moustache rousse, coupée court, accentue le type occidental du leader syndicaliste. »

L’année 1952 voit l’échec des négociations directes entre les gouvernements français et tunisiens suivi de la répression : arrestation d’Habib Bourguiba et de tous les leaders nationalistes, départ de Salah Ben Youssef en mission auprès des Nations unies, instauration du couvre-feu et de l’état d’urgence ou interdiction de toute activité politique, actions de ratissages menées par la Légion étrangère, destitution du gouvernement de M’hamed Chenik. Dans ce contexte, l’UGTT se retrouve en première ligne en assumant la responsabilité de diriger la résistance politique et armée contre les autorités du protectorat. En effet, elle reste protégée par la loi sur les libertés syndicales et le soutien de la CISL, des syndicalistes américains ainsi que des démocrates qui sont alors au pouvoir aux États-Unis. Leader du mouvement national et chef de la résistance, Hached organise secrètement les groupes d’activistes dans les locaux de l’UGTT pour mener des attaques armées contre les symboles de l’autorité française. Il mène également des actions de grèves et de mobilisations malgré l’arrestation de plus de 20000 personnes.

Hached voyage en avril auprès de la CISL à Bruxelles et aux États-Unis (Washington et New York) pour porter la voix de la Tunisie au moment où les questions tunisiennes et marocaines sont débattues au Conseil de sécurité. Le gouvernement français se trouve alors acculé à présenter un nouveau plan de réformes. Hached suggère alors au bey de Tunis de réunir un conseil de quarante personnalités représentatives de l’opinion tunisienne afin d’étudier ce plan et de lui présenter leur avis le 2 août ; la réponse est négative avec un rejet dûment circonstancié.

Les appels au meurtre se font insistants : on peut lire dans l’hebdomadaire nord-africain Paris, proche des colons français3 et dirigé par Camille Aymard :

« Avec Ferhat Hached et Bourguiba, nous vous avons présenté deux des principaux coupables. Nous en démasquerons d’autres, s’il est nécessaire, tous les autres, si haut placés soient-ils. Il faut, en effet, en finir avec ce jeu ridicule qui consiste à ne parler que des exécutants, à ne châtier que les « lampistes » du crime, alors que les vrais coupables sont connus et que leurs noms sont sur toutes les lèvres. Oui, il faut en finir, car il y va de la vie des Français, de l’honneur et du prestige de la France. « Si un homme menace de te tuer, frappe-le à la tête » dit un proverbe syrien. C’est là qu’il faut frapper aujourd’hui. Tant que vous n’aurez pas accompli ce geste viril, ce geste libérateur, vous n’aurez pas rempli votre devoir et, devant Dieu qui vous regarde, le sang des innocents retombera sur vous. »

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Le 4 décembre 2013 – siège de l’UGTT – à la veille de la commémoration de l’assassinat de Farhat Hached

(Source: Wikipedia)