Mohamed Salah Chebbi, directeur général de la Régie Nationale des Tabacs et des allumettes (RNTA) a dévoilé, mardi au cours d’une conférence de presse tenue au palais du gouvernement à la Kasbah, le plan de restructuration du secteur des tabacs au niveau de la production, de l’importation et de la distribution, l’objectif étant de développer ce secteur et de faire face au phénomène de la contrebande.
Il a fait savoir que parmi les mesures d’urgence à prendre, figurent la passage à la production et à la commercialisation de nouveaux produits pour enrichir la gamme des produits locaux.
Il a ajouté que la RNTA est parvenue à améliorer les composants de cigarettes de type “20 mars international légères” moyennant un coût inférieur à celui des produits importés.
A long terme, il sera procédé, a déclaré le responsable, à l’acquisition de nouvelles machines et à la programmation d’investissements pour répondre aux besoins des marchés locaux.
“La tendance est aussi de chercher un partenaire stratégique pour la RNTA afin de développer le secteur”, a-t-il déclaré.
D’après ses dires, la régie s’emploie à moderniser ses circuits de distribution répartis à travers tout le territoire, l’objectif étant de permettre aux centres des recettes de focaliser sur le recouvrement des ressources fiscales.
Il a indiqué qu’il sera, aussi, procédé à la révision des taxes imposées sur les cigarettes afin de réduire la pression fiscale sur ces produits de 77% actuellement à 70% ultérieurment. L’objectif recherché est de résorber les résultats négatifs de cette activité à l’instar des expériences similaires des autres pays.
Pour la vente des produits de spécialité, la régie va s’appuyer, a indiqué M. Chebbi, sur des cahiers des charges et des contrats d’exploitation et sur l’amélioration progressive de 4 à 6% ultérieurement de la marge de bénéfices au profit des propriétaires des kiosques.
Au niveau de la présidence du gouvernement, le directeur général de la RNTA a indiqué qu’il été convenu de créer une structure publique spécialisée dans la distribution des cigarettes, à côté des deux sociétés de production (RNTA et l’usine de Kairouan) qui vont se charger uniquement de la fabrication.
D’après le responsable, la filière du tabac en Tunisie fait face à plusieurs problèmes, dont notamment, la défaillance des circuits de distribution des produits de spécialité (Tabacs et cigarettes).
En effet, les autorisations de vente ont évolué de 9 mille à 13 mille après la révolution, sachant que la plupart des personnes autorisées ne disposent pas des locaux pour l’exploitation.
De même, le nombre des kiosques de fruits secs qui commercialisent les cigarettes a dépassé 23 mille kiosques, occupant 63% des circuits de distribution.
M. Chebbi a mis l’accent, par la même occasion, sur la recrudescence du phénomène du marché noir qui a occupé 42% du marché des cigarettes.
Cela risque de porter les pertes en revenues à 500 MD, a-t- il soutenu, soulignant l’amplification du phénomène de la vente en gros sur le marché formel. Résultat : les prix de vente aux consommateurs ont évolué de 33% par rapport aux prix légaux.
Sur le plan agricole, M. Chebbi a fait valoir que la culture des tabacs locaux s’est drastiquement réduite de 65% ramenant ainsi la production de 3972 tonnes en 2007 à 1360 tonnes en 2012.
Pis, le nombre des agriculteurs a régressé de 11093 à 4682 personnes entre 2007 et 2012.
Cette baisse découle de la stagnation des prix par rapport aux coûts de la production, ce qui a obligé les agriculteurs à muter vers d’autres activités agricoles.
Pour rappel, le secteur des tabacs offre l’emploi à près de 44 mille familles tunisiennes et contribue à hauteur de 6% par an au financement du budget de l’Etat.