Classé confidentiel jusqu’au 21 juin 2013, un rapport des renseignements français révèle qu’avant son assassinat, le leader syndicaliste Farhat Hached était régulièrement pris en filature.
Selon une fiche d’information délivrée par le président François Hollande au fils du Martyr, un commando était venu spécialement de France pour prendre en filature Farhat Hached et établir un rapport sur ses déplacements et le remettre aux autorités françaises.
Datant du 3 décembre 1952, soit deux jours avant l’assassinat, le document explique que ce commando avait repéré le domicile du martyr Farhat Hached, ses déplacements entre sa maison située à Bir Tarraz dans la banlieue de Radès et la rue des Salines au centre de Tunis, identifié la plaque d’immatriculation de sa voiture personnelle et les voitures qu’il empruntait ainsi que les noms des personnes qu’il fréquentait. Le document comprend également des indications détaillées sur le lieu de résidence de Farhat Hached.
« Dans le choix de son habitation privée, Farhat Hached (a) recherché un quartier retiré et essentiellement arabe où un européen est vite repéré, se montre très peu à Radès et ne rejoint son domicile qu’à la nuit, assez tard ».
La fiche détaille, aussi, les déplacements de Farhat Hached, précisant qu’il passait la nuit à la Rue des Salines à Tunis chez le commerçant Mokkadem où fut signée la motion de vote de l’indépendance (Août 1952). Jeudi dernier, Noureddine Hachad a déclaré à l’Agence TAP, que l’Etat français a assassiné Farhat Hached et que la Main rouge a été utilisée comme couverture pour un crime d’Etat.
Et d’ajouter, que l’organisation criminelle nommée « la Main rouge » à laquelle on attribuait depuis plus de 60 ans, la responsabilité de l’assassinat du leader syndicaliste, n’est en réalité « qu’une couverture pour les commanditaires de cet acte parmi les responsables de l’Etat français ainsi que pour les exécutants qui appartenaient aux services de renseignement militaire français ».
Pour le fils du martyr, ce document est « une découverte surprenante et inattendue » dans la mesure où « les Français ont réussi durant des décennies à éloigner tout soupçon de l’Etat français » et à intenter l’accusation de l’assassinat contre « la Main rouge ». Noureddine Hached a assuré que les documents qu’il a reçus du président français François Hollande et ceux qu’il a pu obtenir par ses propres moyens, seront diffusés sur le site de la Fondation Farhat Hached qui sera lancée officiellement le 5 décembre en cours à l’occasion du 61è anniversaire du martyre du leader syndicaliste.