La Coalition civile pour la défense de la liberté d’expression (CCDLE) a dénoncé la publication d’un “livre noir” intitulé “Le sytème de propagande de Ben Ali” par la Présidence de la République sans concertation avec les instances professionnelles, syndicales et légales concernées.
La coalition exige, dans une déclaration, publiée lundi la constitution d’une commission d’enquête indépendante pour faire la lumière sur les conditions de préparation de ce livre, les parties qui ont participé à son élaboration et les raisons pour lesquelles les demandes formulées, depuis deux ans, par le Syndicat national des journalistes tunisiens d’accéder aux documents attestant la collusion de certains journalistes et professionnels des médias avec l’appareil de propagande de l’ancien régime, sont restées sans réponse. La CCDLE dénonce, aussi, la publication de ce livre sans le recours à une équipe de personnalités compétentes et indépendantes capables d’examiner, de manière transparente et équitable, les archives de la présidence relatives au dossier de l’information et des médias.
Elle dénonce, également, le choix de confier l’exclusivité de promouvoir ce livre à “une chaîne de télévision hors la loi” et à un journaliste réputé pour ses écrits élogieux envers les symboles de l’ancien régime et en particulier envers celle qui se faisait appeler “la première dame de Tunisie”.
Ce choix atteste qu’il s’agit d’une instrumentalisation politique scandaleuse d’un dossier des plus sensibles dont dépend la réussite du processus de transition démocratique et qu’il importe de traiter en toute transparence et équité, souligne la CCDLE.
Ce choix est une tentative de plus d’instaurer un climat d’intimidation et de chantage, en vue de saper tous les efforts visant à reconstruire et à réguler le paysage médiatique tunisien sur des bases professionnelles et éthiques solides, conformément aux standards internationaux de la liberté d’expression, lit-on dans le texte de la déclaration.
La Coalition rappelle, également, que le décret-loi n°41 de l’année 2011, que la Troïka gouvernementale s’emploie sans relâche, depuis son accession au pouvoir, à empêcher l’application, garantit le droit du citoyen et des institutions d’accéder aux documents administratifs des organismes publics. Elle met en garde contre le risque que ce droit devienne un privilège exclusif des partis détenteurs du pouvoir.
La Coalition estime que l’hésitation à dénoncer, en temps opportun, de manière transparente et équitable, les journalistes et les professionnels des médias qui se sont compromis avec l’ancien régime, a permis à des figures et à des plumes qui ont pendant longtemps encensé ce régime de revenir sur le devant de la scène médiatique et à d’autres de se jeter dans les bras du nouveau pouvoir.
La Coalition craint que ce livre ne soit, en définitive, qu’une nouvelle manoeuvre destinée à blanchir l’image de quelques uns qui ont choisi de changer d’allégeance, aussi bien parmi les journalistes tunisiens que parmi les professionnels des médias, arabes et étrangers, qui ont collaboré avec le régime déchu et bénéficié de l’argent public dont certains d’entre eux continuent de visiter notre pays, déguisés sous le masque de défenseurs de la liberté des journalistes, soucieux de les former et de les protéger.