Les médecins, résidents et internes, de Tunis ont menacé, samedi, d’entamer une grève de 6 jours consécutifs dans l’ensemble des établissements de santé publique si le projet de loi relatif au service obligatoire pour les médecins spécialistes n’est pas retiré.
“Les médecins résidents et internes entameront une grève anarchique si le projet de loi n’est pas retiré” a averti Mme Rania Jribi, membre du syndicat des médecins résidents et internes de Tunis, lors d’une conférence de presse au siège de l’UGTT, alors que le syndicat observe depuis hier une grève de deux jours.
Un projet de loi proposé en juin 2013, par 79 membres de l’Assemblée Constituante, porte sur l’instauration d’un service obligatoire pour les médecins spécialistes pour qu’ils exercent pendant 3 ans dans des structures de santé publique dans les régions avant d’intégrer le secteur privé.
Mme Jribi a indiqué que le syndicat propose des solutions alternatives conformément aux recommandations de l’organisation mondiale de santé pour l’année 2013. Il s’agit notamment de la garantie de la qualité et d’un climat de travail sécurisé et l’amélioration des conditions de travail des médecins dans les zones démunies. L’OMS propose aussi l’octroi d’une prime de logement et de pénibilité ainsi que la gratuité du transport et des indemnités de recherche pour ceux qui travaillent dans les zones rurales et démunies, a-t- elle ajouté. L’organisation recommande aussi de créer des pôles de santé dans les régions, dont le site et la spécialité doivent être décidés après une étude sur terrain dans chacune des régions concernées.
Pour M. Hédi Souissi, secrétaire général du syndicat régional des médecins, pharmaciens et médecins de santé publique de Tunis “les médecins ne refusent pas de travailler à l’intérieur du pays. Le projet de loi est dangereux et humiliant pour eux et porte préjudice aux intérêts des citoyens et au secteur de la santé publique” a-t-il encore dit.
L’ordre des médecins et les étudiants en médecine refusent le projet de loi car il vise à désinformer l’opinion publique puisqu’il prévoit l’affection de médecins à l’intérieur du pays sans pour autant fournir les équipements et le personnel para médical nécessaires, a-t-il expliqué.
De son côté, Mme Selma Moalla, a dénoncé le projet de loi qui contraint le jeune médecin spécialiste à travailler pendant trois ans dans le secteur public à l’intérieur du pays sans tenir compte de sa condition familiale et matérielle après avoir effectué six ou sept ans de sa carrière dans le service public dans des conditions catastrophiques.
La responsable syndicale a indiqué que l’expérience similaire adoptée en France s’inscrit dans un plan global de développement des régions, décidé en concertation avec l’ensemble des intervenants dans le secteur de la santé. Dans le cas de la France, l’affectation du médecin à l’intérieur du pays demeure un choix personnel fondé sur la motivation et la garantie d’avantages matériels et moraux, a- t-elle encore commenté.
Pour ce qui est de l’expérience algérienne, la syndicaliste a indiqué que le projet de loi du service obligatoire avait été retiré suite au refus du personnel médical dans ce pays.