La grande biennale du théâtre en Tunisie commence, vendredi 22 novembre 2013, avec les 16èmes Journées Théâtrales de Carthage (JTC) qui se poursuivront jusqu’au 30 du mois.
Ayant pour crédo “Pour être enracinés dans l’époque”, cette nouvelle édition se veut plus ouverte sur le théâtre contemporain à travers une programmation variée mêlant spectacles, colloques, ateliers et expositions.
“Pour cette édition 2013, nous avons ouvert de larges espaces à la création contemporaine. Sur les scènes du festival, nous verrons de nombreuses oeuvres qui sont autant d’expériences pour exprimer notre époque, ses préoccupations et ses conflits, selon des styles et des cachets contemporains”, a précisé, Wahid Saâfi, directeur du festival, dans sa note introductive.
En vue d’incarner le principe d’ouverture de ces Journées sur les régions de l’intérieur et de la décentralisation de l’offre culturelle, les organisateurs ont veillé à ce que les spectacles soient présentés dans plusieurs espaces culturels à Tunis la capitale, à Kairouan, au Kef, à Sfax et Médenine.
S’agissant de la cérémonie d’ouverture, le public aura l’occasion d’assister à une animation de rue à l’Avenue Habib Bourguiba, avant d’accéder au théâtre municipal de Tunis qui donnera à voir la pièce de théâtre “Tsunami” de Fadhel Jaibi et Jalila Baccar.
Depuis plus de 40 ans, ce metteur en scène dépeint la Tunisie dans tous ses états. Après “Khamsoun” (Corps otages) en 2006, “Yahia Yaich” (2010) qui osait évoquer le procès de Ben Ali et anticiper sa chute, Jaibi continue à parler des événements agitant la Tunisie avec “Tsunami” (2013), où il plonge le public dans les moments troublants de l’après-révolution.
Pour cette édition, le théâtre tunisien sera présent avec 39 oeuvres (20 spectacles de théâtre professionnel, 4 spectacles de théâtre amateur, 5 spectacles de théâtre laboratoire, 8 spectacles pour enfants et 2 spectacles de théâtre danse).
Parmi les créations professionnelles à succès programmées, figurent “Klem Ellil, zéro virgule” de Taoufik Jebali, “Monstranum’s” de Ezzeddine Gannoun, “Stand by”, “Richard 3” de Jaâfer Guesmi et “Arrahib” de Mounir Ergui.
La présence arabe concerne la Jordanie (Le gardien de la prophétie), l’Algérie (Supposition de ce qui a été), Sultanat d’Oman (Noce sauvage), Syrie (Nuit-intérieur), Koweit (Bouchiya), Irak (Passeport), Liban (L’obéissant), Libye (La cage), l’Arabie Saoudite (Brouhaha), le Yémen (Pérégrinations de Saba) Maroc (Des larmes au Khôl et “Le mien”), l’Egypte (La nuit du sud et Macbeth) et la Palestine (3 en 1 et Le voyage de Ridha).
Pour ceux qui sont curieux de découvrir le 4ème art africain, quatre productions seront à l’affiche. Il s’agit de “En bordure du quai” (oeuvre panafricaine), “Conversation entre Toussaint Louverture et Lamartine” (Guinée), “Compteur à zéro” (Congo) et “Châteaux en Espagne” (Niger).
S’ouvrant sur le théâtre européen, les JTC seront une occasion pour découvrir les pièces “Réunions” (Espagne), “L’odeur de la poudre” (Italie), “Je vous ai compris” (Belgique) et “Le temps des sirènes” (Suisse). La France sera représentée par trois créations à savoir, “Les fourberies de Scapin”, ” Dans ma valise” et “Kamikaze”.
Outre les spectacles, cette édition sera meublée de colloques sur deux thèmes “La critique de l’expérience” (25 et 26 novembre) et “Pas de publics nouveaux sans écritures neuves” (25 novembre). Le premier colloque traitera de tous les aspects du théâtre depuis le début du 20ème siècle et tentera d’analyser cette expérience par le biais de méthodes critiques qui, dans la mesure du possible, évitent l’usage d’approches diachroniques.
Des professionnels tunisiens et français débattront du thème “Pas de publics nouveaux sans écritures neuves”, une rencontre qui sera marquée par la projection du film documentaire “Territoires de l’art” qui traite du compagnonnage d’une chorégraphe brésilienne avec le théâtre Jean Vilar.
Les comédiens amateurs ou professionnels pourront profiter de trois ateliers sur “la dramaturgie du mouvement: impulsions physiques pour raconter des histoires” et “Découverte de la comédie dell’Arte”. Un atelier pour marionnettistes sera organisé sur l’exploration de la manipulation des diverses marionnettes (marionnette à gaine, marionnette sur table, marionnette portée, triangle…).
Du mot à l’image, cette manifestation sera marquée par l’organisation d’expositions d’affiches du Festival international des JTC (à la salle 4ème art) et de photos du Centre national des arts dramatiques et scéniques de Gafsa (maison de la culture Ibn Rachiq).
Reste à espérer que les JTC 2013 répondent aux attentes du public amateur du 4ème art et apporte une ambiance épurée et raffinée aux tunisiens qui leur fera oublier leurs soucis, surtout que le théâtre est considéré une magnifique technique de thérapie.