Les Renseignements généraux ont été créés en France (un précédent suivi par d’autres pays) pour répondre à une citation d’Emile de Girardin, un journaliste promoteur de la presse contemporaine en 1836: «Gouverner, c’est prévoir».
Effectivement, c’est grâce à leur capacité d’anticiper tout mouvement suspect pouvant menacer la sécurité du pays, à observer tout acte ou tout groupement douteux risqué, que les RG nationaux ont pu être très efficaces malgré des moyens très réduits et mettre en échec tout acte terroriste menaçant les institutions et la stabilité du pays. Rappelez-vous les événements de Slimane et l’efficacité avec laquelle ont été menées toutes les opérations de traque des terroristes.
Les RG ont survécu à toutes les Républiques et à tous les régimes, ce qui prouve leur utilité. Leur mission se limite dans tous les pays à l’information du gouvernement, la défense des intérêts fondamentaux de l’État, sécurité intérieure et la surveillance des entrées et sorties suspectes des frontières.
Pour ceux qui ne le savent pas, les renseignements généraux n’ont rien à voir avec la police politique dont le champ d’action est tout autre. Soit près de 1.200 agents de sécurité, toutes catégories confondues, qui avaient pour mission de surveiller les activités des militants politiques, des syndicalistes, des étudiants et autres représentants de la société civile.
Des bavures? Bien sûr qu’il y en a eu et que ceux qui les ont commises doivent payer, mais ce n’est certainement pas en désarticulant la mécanique sécuritaire du pays en le privant de ses meilleurs défenseurs contre le terrorisme, que nous pourrons résoudre le problème des dépassements des forces sécuritaires.
En confondant police politique et renseignements généraux, on a privé la Tunisie de son meilleur bouclier contre la montée du terrorisme.
Entre renseignements généraux et police politique, il y a un gap et c’est là où certains ont fait fausse route. En confondant police politique et renseignements généraux, on a privé la Tunisie de son meilleur bouclier contre la montée du terrorisme.
Dans leur confusion et sa haine envers la police politique qui connaît tous les détails de leur vie, ils se sont attaqués -avec “Monsieur Propre“, en l’occurrence M. Rajhi depuis qu’il avait pris fonction au ministère de l’Intérieur- aux renseignements généraux les faisant éclater en mille morceaux. C’est ce qui pourrait expliquer en partie les actes terroristes advenus dans une Tunisie où tout était pourtant sous haute surveillance dès qu’il s’agissait de terrorisme.
Ils ont été exaltés de voir les services qui avaient la charge de la sécurité nationale disparaître alors que leurs dossiers seraient toujours sous bonne garde chez la police politique.
Mais pourquoi s’inquiéter quand nous n’avons rien à nous reprocher? De qui devrions-nous avoir peur lorsque nous ne faisons pas la queue devant les ambassades du monde prétendument démocratique nous plaignant de nos mauvaises conditions et leur donnant une perche pour mettre le chaos dans notre pays? Mais qui oserait s’attaquer à ces militants parés de toutes les qualités et d’une aura à la Jeanne d’Arc…?
Ils sont des intouchables. Ils ont tout simplement facilité le travail du nouveau gouvernement nahdhaoui aujourd’hui. Suite au limogeage de 80 hautes compétences du ministère de l’Intérieur sans procès, sans conseils de discipline ou d’honneur, on les a vite remplacés par d’autres dont l’allégeance va vers qui? Vers la Tunisie ou les nouveaux gouvernants?
Le reste des RG, près de 120, a été éparpillé, nous ne savons pas comment, où, par qui et dans quel intérêt. Rajhi a récupéré les anciens corrompus, ambitieux et opportunistes parmi les cadres écartés du ministère et a éloigné 48 parmi les meilleurs; Ali Larayedh –lorsqu’il était à l’Intérieur- aurait continué à vider le ministère de sa consistance et de ses compétences.
Sur un tout autre volet, le ministre de l’Agriculture, Mohamed Ben Salem, a veillé à priver les garde-forestiers de leurs salaires, les empêchant de suivre les mouvements suspects au Jebel Chambi et d’en faire acte. Ils se sont rapidement reconvertis en contrebandiers exerçant le commerce parallèle, négligeant ainsi de signaler tout mouvement suspect aux autorités compétentes.
Pour conclure, il est honteux que, dans un pays en transition démocratique, de laisser des hauts cadres sécuritaires en berne sans les juger publiquement pour au moins éclairer l’opinion publique sur la réalité des faits. Je citerais à ce propos Adel Tiouiri, Jalel Boudrigua et d’autres; ils ont droit à des procès équitables et nous avons droit à connaître la vérité, toute la vérité sans ornement et sans faux semblants.
Quant à certains militants politiques mouillés jusqu’au coup dans des affaires louches avec la police politique, qu’à cela ne tienne, un jour viendra où tout se saura, y compris leurs petites combines dressées aux dépens de la sécurité du pays et de sa stabilité.