C’est à Dar Lasram à la Médina de Tunis qu’a eu lieu, samedi, l’ouverture des assises de la première Rencontre euro-maghrébine d’écrivains, sous le thème “Les identités plurielles”.
Cette manifestation, organisée par la délégation de l’Union européenne en Tunisie avec le concours de Pen International, se poursuivra jusqu’au 11 novembre, avec la participation d’environ 40 écrivains, romanciers, poètes et traducteurs maghrébins et Européens.
Le débat porte sur la question des identités à partir des pratiques politiques, culturelles et anthropologiques.
A l’ouverture, Mohamed Bédoui, président de l’Union des Ecrivains Tunisiens, a exprimé sa joie de voir des écrivains Maghrébins et Européens échanger les avis sur un thème aussi important, l’identité, un sujet qui semble revenu au coeur du débat politique et culturel.
“L’objectif essentiel consiste à faire de cet événement un rendez-vous annuel permettant de promouvoir le dialogue interculturel entre l’Europe et les pays du Maghreb, avec la participation d’hommes de lettres provenant des Etats membres de l’Union Européenne et du Maghreb Arabe”, a-t-il précisé.
De son côté, Marian Botsford Fraser, représentante du club d’écrivains Pen International, a insisté sur le soutien de son organisation à cette manifestation et à toute initiative culturelle qui vise à défendre la liberté d’expression et de pensée.
“Pen International, une organisation internationale à but non lucratif, représentée dans 101 pays, uvre actuellement à la création d’un club d’écrivains Maghrébins”, a-t-elle signalé.
Quant à Laura Baeza, ambassadeur, Chef de la délégation de l’UE en Tunisie, elle a mis en exergue l’importance du dialogue interculturel comme unique outil pour lutter contre toute forme d’extrémisme et de violence.
Elle a fait savoir que la première Rencontre euro-maghrébine d’écrivains s’inscrit dans le cadre d’un travail de réflexion sur les mécanismes d’une véritable concertation et coopération dans le domaine culturel entre les deux rives de la Méditerranée.
Cette zone est peut-être la plus propice à avoir un dialogue interculturel solide, de par sa géographie mais aussi de sa longue histoire commune, et de son engagement dans divers processus depuis 1995, tels celui de Barcelone, la Politique de Voisinage et tout récemment l’Union Méditerranéenne.
Dans le cadre des travaux de la première journée “Bouillon de cultures, Samar Mezghenni, écrivaine tunisienne et membre de la fondation de la Pensée Arabe, s’est intéressée au concept de l’identité. Elle a précisé que l’identité est l’ensemble des caractères visibles ou cachés qui font d’une personne ce qu’elle est, qui font d’elle un être unique. Le nom, par exemple, sa prononciation, son orthographe sont des éléments qui touchent à l’identité de chaque personne, a-t-elle expliqué.
“L’identité, selon elle, est un équilibre entre, d’une part ce qui te rend semblable à d’autres et, d’autre part, ce qui te rend unique. Si tout le monde se ressemblait, nous n’aurions plus d’identité, nous ne pourrions plus exister”, a-t-elle relevé.
Prenant la parole, Petros Markaris, romancier, écrivain et traducteur a mis l’accent sur la nécessité de sauvegarder les cultures traditionnelles dans l’espace euro-maghrébin, pour leur valeur historique et civilisationnelle, face à la numérisation de la planète.
“Aujourd’hui déjà, notre personnalité est complètement fragmentée, notre identité est donc multiple… Nous n’avons pas affaire à un seul système numérique mais à plusieurs”, a-t-il indiqué.
Par conséquent, selon Markaris, dans le futur on aura de plus en plus des niches spécifiques numériques auxquelles nous voudrons allouer une partie de notre identité.
A ce propos, Chris Stewart, auteur anglais, a souligné que l’identité culturelle demeure menacée par le phénomène de la mondialisation.
Pour lui, il faut tout d’abord analyser les changements concernant l’identité et la culture et ensuite réfléchir aux moyens de renforcer cette identité culturelle dans le contexte de la mondialisation.
Il est à noter que le programme de la deuxième journée (10 novembre) propose deux ateliers sur les thèmes ”Tradition et modernité” et ”Patrimoines, cultures et identités” alors que le dernier jour des panels sera marqué par l’organisation d’un atelier sur la création d’un réseau d’écrivains maghrébins dans le cadre du Pen Africain International.