Le chômage des jeunes est la responsabilité des politiques et de l’université car “il s’agit de choix politiques relatifs à l’éducation et à l’économie”, a estimé un expert tunisien.
“Une évidence le profil des diplômés sortant ne répond pas à la demande du marché. Le Chômage et l’employabilité demeurent une responsabilité partagée”, a conclu Riadh Zeghal, universitaire et expert auprès de l’ONUDI, lors d’une rencontre à Tunis fin octobre sur l’employabilité des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur.
Le marché de l’emploi est marqué par l’iniquité sinon la discrimination de genre et de région, a-t-il encore dit. Les catégories les plus frappées par le chômage par ordre croissant sont les jeunes, de manière générale et les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur, dont en particulier les femmes (49,4% pour les femmes et 21% pour les hommes).
Pour ce qui est de la répartition du taux de chômage par région, les statistiques donnent : Nord-Est 13,2%; Centre- Est 13,7%; Grand Tunis 17,7%; Centre-Ouest 20,5%; Nord- Ouest 21,4%; Sud-Est 27,4% et Sud-Ouest 28,4%.
“La multiplication des institutions universitaires au lieu de renforcer les universités existantes a donné lieu à un éparpillement des moyens avec une baisse constante du niveau des diplômés et des compétences “solvables” sur le marché ainsi qu’un accroissement exponentiel du chômage des diplômés”, relève M. Zghal. Effectivement, le taux de chômage qui était de 3,8% en 1994 est passé à 34,2% au premier trimestre de 2012.
Une étude réalisée dans la région MENA, en 2008, a souligné que les jeunes diplômés n’ont pas reçu une formation dans les “soft skills” portant sur le travail d’équipe, le leadership, l’esprit critique, la communication, l’esprit d’initiative et la flexibilité.
“La formation universitaire devrait pourtant veiller au développement de ces compétences pour faciliter la recherche et saisie des opportunités, l’initiative, le réseautage efficace et le développement d’une attitude proactive”, explique M. Zghal.
En l’absence d’une autonomie de gestion, les universités ont peu de marge de liberté pour concevoir et mettre en oeuvre des stratégies qui leur sont propres, constate l’expert. Cette autonomie aurait permis la mise en place d’une stratégie qui tienne compte d’une meilleure adéquation avec le marché de l’emploi.
M. Zghal a dénoncé tout autant la pédagogie universitaire privilégiant les cours magistraux qui favorise la passivité et le cloisonnement des institutions universitaires et prive par conséquent les étudiants d’une mobilité qui leur aurait permis de suivre des programmes spécialisés là où ils sont offerts et accéder par conséquent à des curricula interdisciplinaires, a-t-il encore regretté.