Le président de la République provisoire, Moncef Marzouki, a souligné la nécessité de faire en sorte que la loi anti-terrorisme, en instance de promulgation, ne serve jamais de prétexte pour justifier les mesures d’exception attentatoires aux droits de l’Homme, comme c’était le cas du temps de la dictature.
Dans une allocution à l’ouverture, mardi matin, d’une conférence internationale sur « la nouvelle loi anti- terrorisme », Marzouki a souligné la nécessité de ne jamais s’écarter des standards internationaux, encore moins du référentiel de valeurs de la révolution en faveur de la dignité de l’Homme.
« L’Etat est tenu de lever les injustices au moyen des législations et dans les actes », a-t-il dit.
« La guerre contre le terrorisme commande d’adopter une approche cohérente et multidimentionnelle », a-t-il ajouté, faisant remarquer que le terrorisme est « le produit de facteurs tant exogènes qu’endogènes auxquels s’ajoutent un certain nombre de dysfonctionnements dans les systèmes éducatif et religieux et l’échec de la politique de développement sur plusieurs décennies de marginalisation, de paupérisation et de pullulement des quartiers déshérités, d’où l’empressement de certains jeunes à rejoindre les groupes extrémistes ».
Marzouki a d’autre part plaidé pour la nécessité de « reconsidérer nombre de choix antérieurs, parallèlement à la lutte contre certaines manifestations violentes du fléau du terrorisme par la force de la loi et le recours aux mécanismes de coercition ».
il a aussi insisté sur l’impératif de remédier aux causes profondes de ce fléau et de les traiter à la source, estimant en même temps que l’amélioration de l’efficacité de l’intervention sécuritaire reste une priorité absolue.
La conférence tenue au siège du ministère des Droits de l’Homme et de la justice transitionnelle a été marquée par une communication du juge Hafedh Labidi, membre de la commission en charge de l’élaboration du texte de la nouvelle loi sur la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent.
Ce dernier a indiqué que le nombre d’anomalies et travers relevés dans l’ancienne loi a été tel que la commission a décidé d’en faire table rase et d’élaborer un texte intégralement nouveau. Outre la définition juridique trop extensible du crime terrorisme, il a surtout pointé du doigt l’usage abusif dont l’ancien régime faisait de la loi anti-terrorisme, principalement pour restreindre les droits et libertés et harceler les opposants politiques.
Les trois présidents étaient présents à la séance d’ouverture de cette conférence, mais aussi plusieurs membres du gouvernement, nombre de personnalités nationales et des représentants de la société civile.