La vie a repris son cours normal, lundi, à Dour Ismaïl, dans la zone de Tella de la délégation de Goubellat (Gouvernorat de Béja), après trois vécus au rythme de la bataille de Jebel Touayel, qualifiée par des spécialistes de “la plus violente et la plus efficaces des batailles menées par les forces de sécurité et de l’armée tunisiennes contre le terrorisme, depuis la révolution du 14 janvier 2011”.
Un retour à une vie calme et ordinaire dans une zone rurale d’où les forces militaires et sécuritaires s’étaient retirées, dimanche, après l’élimination de 13 membres du groupe terroriste armé qui avait assassiné, jeudi 17 octobre 2013, le chef de poste et un sergent de la garde nationale de Goubellat. Un groupe terroriste qui compte dans ses rangs, selon des sources informées, des membres recherchés par la justice tunisienne, pour de précédents actes terroristes.
Le retour à la vie normale à Dour Ismaïl s’est concrétisé, en particulier, par la réouverture de l’école primaire, coeur battant du village, avec ses 149 écoliers, après un arrêt des cours durant les trois jours de l’opération militaire menée contre le groupe armé, du 17 au 19 octobre.
La zone de Tella s’était transformée, depuis jeudi dernier, en zone militaire fermée, pour laisser la voie aux machines militaires et sécuritaires et aux hélicoptères ainsi que l’afflux des représentants des médias à la recherche d’informations sur le déroulement et les résultats des opérations, dans cette zone s’est trouvée subitement sous le feu de l’actualité. Des habitants de Dour Ismaïl ont souligné à la correspondante de l’agence TAP, lundi, que “les événements des trois derniers jours sont, simplement, un intermède dans l’histoire de cette zone” qui n’était pas connue, auparavant.
Ils ont exprimé, dans ce sens, leurs sentiments de privation et de détresse, parce que les médias sont passés dans la région, “sans chercher à transmettre leur espoir de sortir du cercle de la pauvreté et de l’isolement, et sans les interroger sur leurs préoccupations et leurs souffrances”. Les habitants de Dour Ismaïl ont affirmé que “la guerre de Touayel” restera gravée dans leurs mémoires, surtout que leur zone qu’ils ont qualifiée de “paisible” n’avait pas connu de grands événements, dans le passé.
Le directeur de l’école de Dour Ismaïl, Mahmoud Hammami, a indiqué à la correspondante de l’agence TAP que “ces événements n’étaient pas prévus” et qu’il a tout fait pour tranquilliser les élèves”, bien qu’il soit encore “sous le choc”, face à ce qui s’était passé à un jet de pierre de son école et de son village. Il a ajouté que les enfants ne parlent, aujourd’hui, que des avions qui survolaient leur village, avec toute l’innocence qui caratérise leur âge, au point que certains évoquent gaiement les bombardements, notamment Gaieth Aïni, l’élève de première année primaire qu’il “y avait des voleurs qui avaient été attrapés”.
Des habitants de Goubellat ont demandé qu’on accorde de l’intérêt à leur “zone paisible, mais délaissée au niveau du développement”. Ils ont appelé, aussi, à davantage d’intérêt pour les zones rurales qui l’entourent notamment au niveau des commodités et ses services publics, “afin qu’elles ne soient pas isolées comme Dour Ismaïl qui n’est qu’à 7 Km de Goubellat et à moins de 50 km de la capitale, Tunis”.
Cette zone est, d’après eux, demeurée “isolée”, dans le sens le vrai sens du terme, au niveau du développement et de la sécurité. C’est une zone agricole par excellence entourée de trois hauteurs montagneuses. Cet “isolement” a été présenté par certains comme un facteur principal qui avait aidé les membres du groupe terroriste à s’infiltrer dans cette zone, pour en faire “une base” et mettre au point leurs plans terroristes, creuser des tunnels pour se cacher, emmagasiner des armes et des explosifs, comme l’avaient démontré les enquêtes de la sécurité nationale.
Un des habitants de Goubellat qui a voulu garder l’anonymat a affirmé que “de nombreux indicateurs auguraient la possibilité de troubles, mais pas aussi importants, notamment la présence d’un nombre importants d’activistes d’Ansar Acharia (Mouvement salafiste mis sur la liste terroriste par le gouvernement tunisien) qui avaient empêché le déroulement du festival de Goubellat, en 2011, outre des attaques contre le poste de la garde nationale de la zone et la réduction de la présence sécuritaire, en décembre 2011”.
Ces paroles sont une réponse aux interrogations et aux craintes des habitants de Goubellat et Dour Ismaïl qui cherchent à éloigner le spectre de la violence sanguinaire qui s’était introduites dans leurs contrées, durant des jours et des nuits, pour que leur zone redevienne paisible. Ils réclament juste un peu de développement, du calme et de la sécurité.