Généralement, avant de rédiger un papier en bonne journaliste disciplinée, je demande à mon patron de quoi veut-il qu’on parle pour mettre en valeur ce qu’il pense et ses idées… Que voulez-vous, il ne faut pas m’en vouloir, le chômage est devenu endémique et j’ai une famille nombreuse à nourrir.
Mais cette fois, quand je me suis présentée humblement à son bureau, une feuille et un stylo à la main, il me regarda longtemps, poussa un soupir qui sortait de ses entrailles et me dit «que veux-tu raconter Ibti, on a tout dit, on a fait le tour du problème et on n’a plus grand-chose à dire, alors débrouille-toi!».
Devant cette situation inédite où même mon patron jette l’éponge, et à voir tout ce qui se passe, car il est clair, encore une fois, de constater que l’atomisation et la gourbification et la démolition programmée du système économique et du pays continuent lentement et sûrement sous le regard rassasié du Maître, je me demande si dans pas longtemps on aura encore de l’encre pour écrire et le wifi pour communiquer par cette volonté de nuisance affichée par des gens marqués par la haine d’un pays qui les a pourtant libérés de leur 3X3 m2 et dont même le système sécuritaire ne veut plus. Le danger n’est-il pas à nos portes, portes qui semblent se fermer devant ces gens-là au niveau des institutions bancaires, touristiques, économiques, sans compter sur un social qui se dévalue lentement et sûrement …?
Du coup, je me mets à rêver de l’histoire, de l’île d’Elbe -sans pour autant être bonapartiste-, et m’entends dire à haute voix «y a-t-il un dictateur dans cette salle pour venir sauver ce pays de cette troïka boiteuse et de cette opposition flasque?».
Que voulez-vous, parfois quand la gangrène menace, il faut couper court et vite sinon la lèpre se propage sans rémission. Alors, je vous dis et répète «vive les dictateurs!»