“Heureux le Martyr”, documentaire de Habib Mestiri brossant le portrait posthume du leader de la gauche tunisienne Chokri Belaid assassiné le 6 février 2013 a été présenté, en avant- première mondiale, mardi soir au cinéma Le Colisée à Tunis, à l’ouverture du Human Screen Festival(Festival International du Film des Droits de l’Homme).
Ce deuxième festival se tient du 24 au 28 septembre dans le Grand Tunis à l’initiative de l’Association Culturelle Tunisienne apolitique (ACTIF) avec à l’affiche 58 films tunisiens et étrangers dans 6 salles tunisiennes.
“Heureux le Martyr” a été précédé par la projection de deux courts métrages d’animation du réalisateur jordanien Tariq Rimawi, “Grognement” et “Missing”, tous deux traitant de l’impact de la guerre sur l’enfance.
S’agissant du documentaire phare “Heureux le Martyr”, projeté dans une salle comble en présence de représentants de la société civile, de nombreux militants et de médias, durant 90 mn, le public a pu découvrir la vie du leader assassiné à travers des témoignages de ses proches, notamment de son épouse Basma Khalfaoui, et de son frère Abdelmajid qui accompagnait Chokri Belaid dans déplacements et ses meetings. Des témoignages de ses amis d’enfance, de ses camarades et ses adversaires politiques sont également recueillis pour mieux connaître, l’enfant, l’époux, le père et le militant. Le réalisateur passe également en revue ses positions politiques publiques et son parcours professionnel en tant qu’avocat pro bono de prisonniers du bassin minier de Gafsa. Parmi les images marquantes du film qui est encore en phase de post-production, présenté au festival avant d’être totalement peaufiné, figure celle de l’inaliénable volonté du leader assassiné de réunir toute la gauche tunisienne en une seule famille politique.
Avant la projection des courts métrages, Pierre Cambernous, ambassadeur de Suisse en Tunisie, a fait part du soutien de son pays à ce festival, expliquant que “les droits de l’Homme sont des droits universels et c’est un processus qui demande l’engagement de la société civile sachant que la Suisse n’a pas de leçon à donner mais à apprendre de vous” dit-il au public tunisien. L’ambassadeur affirme, également l’impératif de “garder la flamme de la démocratie” vivante.
Pour part, Dimiter Chalev, représentant du Bureau du Haut Commissariat des Nations Unies à Tunis, a indiqué que le cinéma constitue un moyen d’expression des valeurs des droits de l’homme, sachant que “la protection de la liberté d’expression et la promotion de la culture sont des droits fondamentaux.” Il a ajouté que ce festival va se poursuivre dans les régions toute l’année, et réaffirmé que “le Bureau continuera à soutenir l’association Actif, organisatrice du festival” dans l’organisation de son festival.
Sondas Guerbouj, présidente de la section tunisienne d’Amnesty International, a, pour sa part, souligné l’impératif de faire respecter les droits de l’homme, d’expression, de la femme et de l’enfant, plus que jamais indispensables après la révolution du 14 janvier.
Avant la projection, divers slogans de vivas à la gloire de Chokri Belaid, à l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens( UGTT), à la liberté d’expression et à la libération des artistes détenus, ont été scandés dans la salle par une grande partie du public.