La réplique du Maurane Saulnier Typte G (MSG) que Roland Garros avait utilisé en reliant la première fois la France et la Tunisie, a bel et bien décollé de l’ancienne base miliaire de Fréjus (aujourd’hui, centre de loisirs) a confirmé ce matin, à l’agence TAP, M Habib Maaroufi, président de l’association des retraités de Tunisair à Bizerte.
L’avion a décollé vers 07H30 (heure tunisienne) et l’atterrissage prévu vers 17h00 est avancé à 14H30. La réplique et les avions d’accompagnement, selon ses propos, sont actuellement en route et devraient atterrir dans les délais prévus si les conditions météorologiques optimales s’offrent évidemment, a-t-il indiqué, si le vent ne livre pas ses surprises.
La ville de Bizerte, qui s’est réveillée tôt dimanche avec un soleil éclatant et des feuilles d’arbre figées, vit pour le troisième jour consécutif des festivités diverses pour faire revivre aux avertis et faire connaître à la nouvelle génération et aux curieux les grands exploits que Roland Garros avait réalisé, notamment en Tunisie, où il avait écrit dans ses mémoires “J’ai trouvé à Tunis, du soleil, chance, sympathie. J’en tresserai un souvenir”. Des souvenirs, certes, mais aussi de belles prouesses de l’époque où les us de l’aviation étaient guidés d’une boussole et d’une montre et non de GPS et de satellites. (Vidéo sur la construction de la réplique du MSG)
Garros, souhaitait fermement voir figurer son nom sur la liste des records. La vitesse et l’endurance ne le motivaient pas beaucoup mais l’altitude oui, selon Gérard Collot, président du cercle aérophilatélique français. En juin 1912, il remporta le premier Grand prix de l’aviation de l’aéroclub de France pour le circuit d’Anjou (Angers, Cholet, Saumur, Angers).
En séjour en Tunisie, il avait décidé de gagner Rome. Il décolle de Ksar Said le 18 décembre 1912, se pose à Marsala (Sicile) atterrit sur la plage de Trapani où son appareil capote.
Après réparation, il repart le 21 décembre, traverse la Sicile d’Ouest en Est et atteint la côte de la péninsule italienne dans la soirée. Le 24 décembre, il reçoit la Grande médaille d’or de l’aéroclub de France.
Cela dit, le pionnier de l’aviation resta convaincu qu’il n’y a pas encore eu d’épreuve sportive de grande envergure en cette année 1913.
Alors il se propose de réaliser une traversée Nord-Sud de la Méditerranée avec un départ du centre d’aviation de la marine de Fréjus-Saint Raphael et une arrivée à Tunis. C’est alors qu’il renonce à l’hydraviation et fait fabriquer deux avions Morane-Saulnier de Type H adaptés à une traversée de 1400 kilomètres, soit environ 8 heures de vol.
Une fois les appareils prêts, il choisit le plus au point des deux et attendit un vent favorable. Le 22 septembre 1913, il est sur place et le départ est prévu le lendemain au lever du jour. Son vol est relaté dans ses mémoires dont voici quelques extraits:
“Au bord de cette Méditerranée familière, dans cette beauté ruisselante de lumière, c’était une impression étrange de penser que le lendemain peut-être j’allais disparaitre. Et pourquoi, par luxe, pour vivre une jolie aventure, quitte à en mourir”.
Durant cette traversée où Roland Garros était muni uniquement d’une boussole et une montre et guidé par une forte foi de réussir, le vol a connu un éclatement sinistre de métal brisé, la tôle était percée
“il en sortait des gouttes d’huile noire que le vent me jetait à la figure”. En dépit de quelques autres incidents techniques, le voyage a continué et “la côte d’Afrique apparut aussitôt, cinq litres d’essence seulement me restaient et j’atterris sur le champs de manoeuvre où personne ne m’attendait. Sous un soleil ardent, je me trouvai seul, dans le silence, l’immobilité, la paix. Le premier homme que je vis fut un soldat en bourgeron. Il s’approcha sans hâte, m’observa curieusement puis s’enhardissant vous venez de loin de France…Il sourit d’un air perplexe et ne dit plus rien”.
Le lendemain, Roland Garros embarquait sur le Manouba en direction de Marseille.
Cela dit dans l’histoire de la conquête de l’air et des acrobaties aériennes en Tunisie, un autre nom est digne d’être évoqué. C’est l’aviateur français Bouvier qui réalisa la première liaison aérienne entre deux villes tunisiennes Tunis et Enfidha. Ses performances ne devraient pas passer à l’oubli, a relevé M. Mohamed Habib Soussi, Chef d’équipe technicien avions à l’aéroport Tunis Carthage et réalisateur du film documentaire “Tunisie terre d’aviation”. Il avait battu le record d’altitude en survolant la médina de Tunis avec une altitude de 650 mètres et avait ramené à bord de son avion biplan (avion à deux places), le premier passager qui fut un journaliste”.
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