Le récent mouvement dans le corps de la magistrature de même que la relation de la justice avec la presse et certains syndicats sécuritaires, notamment à la suite de récentes déclarations de représentants de l’Union nationale des syndicats des forces de sécurité intérieure ont été les principaux thèmes d’une conférence de presse de l’Association des magistrats tunisiens, tenue mercredi matin au Palais de justice de Tunis.
La présidente de l’AMT, Kalthoum Kennou, a déclaré à cette occasion que l’annonce du dernier mouvement judiciaire en date, fut “un évènement marquant à tous les points de vue”, car le premier mouvement à être opéré par une instance indépendante et élue, en l’absence de toute forme de tutelle du pouvoir exécutif et dans des circonstances exceptionnelles.
Toutefois et nonobstant de nombreux aspects positifs, a- t-elle ajouté, le récent mouvement judiciaire n’a pas été exempt de lacunes, entre autres “l’absence d’annonce préalable antérieure des critères à appliquer”.
S’agissant de la relation entre la justice et la presse, elle a indiqué que, depuis sa création, l’association n’avait jamais eu de cesse de défendre la liberté d’opinion et d’expression, sur la base de sa ferme conviction qu’on “ne saurait parler de transition démocratique réussie si une presse libre fait défaut”.
Elle a rappelé à ce propos que l’AMT avait demandé à maintes reprises la suppression de tous les articles du Code pénal privatifs de liberté des journalistes.
Kennou n’a pas nié qu’ont pu avoir lieu des dysfonctionnements au niveau des procédures touchant aux critères d’un procès équitable dans le cas de l’affaire Zied El Héni, dénonçant en même temps un certain “acharnement contre la justice et les juges” et appelant à éviter “certains propos inélégants et inacceptables”.
Pour ce qui est des déclarations attribuées à des représentants de l’Union nationale des syndicats des forces de sécurité, la présidente de l’AMT a qualifié de “question grave” les accusations lancées contre certaines parties judiciaires. Indépendamment du fait que pareilles allégations doivent s’appuyer sur des preuves, a-t-elle dit, “la partie syndicale n’a pas compétence pour accuser qui que ce soit et il n’est pas de son droit de propager des propos attentatoires aux données personnelles des magistrats”. “Les vérifications faites par l’association ont prouvé le contraire de ce qui avait été dit”, a-t-elle asséné. Pour la vice-présidente de l’AMT, Raoudha Grafi, les déclarations des policiers syndicalistes “ont dépassé toutes les limites”, mettant en garde contre la légèreté avec laquelle des accusations graves ont pu être proférées contre des juges connus pour leur indépendance.