Caution de 2000 dinars pour la libération de Zied El Héni

La Chambre de mise en accusation près la Cour d’appel de Tunis a décidé, vendredi en fin d’après-midi, la libération provisoire du journaliste Zied El-Hèni contre une caution de 2000 dinars, a indiqué l’avocat de la défense Abdelaziz Essid.

La libération effective du journaliste est reportée à lundi prochain, vu « l’impossibilité de payer cette somme, les recettes des finances étant fermées le week-end ». Le journaliste Zied El-Hèni a été transféré, vendredi aux alentours de 15h00, à la prison de Mornaguia, au milieu d’un important dispositif sécuritaire.

Des journalistes et militants des droits de l’Homme s’étaient rassemblés devant le siège du Tribunal de première instance de Tunis pour exprimer leur solidarité avec le journaliste et protester contre les poursuites engagées contre lui.Le juge d’instruction du 10e bureau près le Tribunal de première instance de Tunis avait émis en milieu de journée un mandat de dépôt à l’encontre du journaliste sans entendre sa déposition.

A ce propos, il a été décidé d’entendre le prévenu le 24 septembre 2013. Zied El-Hèni a été déféré devant la justice, après une plainte déposée par le procureur de la République conformément à l’article 128 du code pénal qui stipule en substance : « Est puni de deux ans d’emprisonnement et de 120 dinars d’amende, quiconque par discours publics, presse ou tous autres moyens de publicité, impute à un fonctionnaire public ou assimilé des faits illégaux en rapport avec ses fonctions, sans en établir la véracité». L’avocat de la défense, Hèdi Abidi, a indiqué que Zied El- Hèni a comparu, vendredi, devant le juge d’instruction sur fond de ses déclarations concernant le dossier du caméraman de la chaîne « Astrolabe tv », Mourad Mehrzi. El Hèni a souligné dans ses propos, l’existence « d’une infraction commise à l’encontre de Mehrzi mis en détention sans procédure légale et incarcéré à la prison par le procureur de la République qui n’avait pas les attributions nécessaire pour le condamner sans preuves tangibles ».

 

Après la décision du juge d’instruction d’émettre un mandat de dépôt contre Zied El-Hèni, nombre de journalistes et membres de la famille du prévenu, ont entamé un sit-in devant le bureau du juge d’instruction, pour protester contre cette décision et demander la libération de leur confrère, ce qui a sommé les forces de l’ordre à intervenir pour les disperser manu militari et faire sortir Zied El-Hèni du bureau du juge pour le conduire à la prison de Mornaguia.

Le membre du bureau exécutif du syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Mongi Khadhraoui, a jugé « illégal » le mandat de dépôt à l’encontre de Zied El Héni. « Des vices de procédures ont entaché la convocation de Zied El-Hèni et son jugement, à l’instar de l’article 128 qui a été abrogé depuis 1975 et l’incompétence du Tribunal à statuer dans cette affaire, vu que la partie civile n’est autre que le procureur de la République près le Tribunal de première instance de Tunis », a précisé Khadhraoui. Le membre du bureau exécutif du SNJT, a fait savoir que le procureur de la République a déféré Zied El-Héni en comparution immédiate devant le juge d’instruction du 10e bureau qui était auparavant son ancien adjoint, estimant que cette procédure ne peut être acceptée».

«La garantie juridictionnelle pour le droit de la défense n’a pas été fournie, vu que Zied El Hèni n’a pas été entendu et que la défense n’a pas pu faire son plaidoyer concernant cette affaire », a ajouté Khadhraoui. Il a annoncé qu’une grève générale sera observée dans tous les médias publics et privés au cas où Zied El Hèni serait maintenu en détention à cause de ses opinions.

De son coté, le secrétaire général adjoint du syndicat général de la culture et de l’information, Mohamed Hèdi Tarchouni, a exprimé son soutien à la grève générale. Rappelons que le journaliste Zied El-Hèni a été convoqué lundi, pour comparaître, vendredi 13 septembre à 10h00, devant le 10e bureau du Tribunal de première instance de Tunis, en tant qu’accusé, sans que ladite convocation ne mentionne les chefs d’accusation qui lui sont imputés.

Indiquons que le bureau exécutif du SNJT se réunit en ce moment, pour examiner la possibilité d’organiser une grève générale et demander un soutien international afin de protester contre les pratiques judiciaires visant à juger les journalistes pour leurs opinions.

Des sources informées ont indiqué à TAP que la chambre de mise en accusation près le Tribunal de première instance de Tunis est en réunion pour examiner le recours en justice déposé par la défense concernant la décision prise par le juge d’instruction. Il revient à la chambre de mise en accusation d’annuler le mandat de dépôt à l’encontre de Zied El Hèni ou de confirmer la décision du juge d’instruction près le 10e bureau du Tribunal de première instance de Tunis.