Les députés non dissidents de l’Assemblée nationale Constituante (Anc), réunis vendredi, au Bardo, ne sont pas parvenus à un compromis sur les mesures à prendre contre le président de l’ANC, Mustapha Ben Jaafar.
La séance a été marquée par le retrait des élus du mouvement Wafa du front parlementaire pour le parachèvement du processus démocratique. Les journalistes avaient également quitté la salle de réunion en réaction aux accusations lancées à leur encontre par une élue d’Ennahdha. La séance, à laquelle ont participé seulement 55 députés, a focalisé ses travaux sur l’examen d’une proposition relative à la motion de retrait de confiance du président de l’ANC. Une proposition devant être soumise par le mouvement Wafa à la Constituante lors d’une plénière, au cas où elle recueille les signatures d’un tiers des députés, a expliqué Azed Badi (Wafa).
Ce dernier a déploré l’incapacité des députés non dissidents à prendre des décisions concrètes contre Ben Jaafar, ce qui a poussé le président de Wafa, Abderraouf Ayadi, à annoncer son retrait du front de parachèvement du processus de transition. Au moment où les responsables des blocs d’Ennahdha et du Congrès pour la République (CPR) ont réagi positivement au discours de Ben Jaafar, des élus des deux blocs, ainsi que des députés indépendants et d’autres de Wafa, ont, quant à eux, accusé le président de l’ANC d’avoir bloqué les travaux de la Constituante en une phase aussi délicate.
Pour l’élue Sana Haddad (Ennahdha), le président de l’ANC « mène la contre-révolution de connivence avec les députés dissidents qui préparent un coup d’état soft ». L’élu Kamel Ben Amara (Ennahdha) estime, pour sa part, que Ben Jaafar « ne devrait pas rester à la tête de l’ANC », l’accusant de « trahison ».
De son côté, le porte-parole du courant Al-Mahaba, l’élu Said Kharchoufi a appelé à élire un nouveau président de l’ANC. Béchir Nefzi (CPR) a préconisé des mesures contre Ben Jaafar et les élus dissidents. Il a appelé à la réunion de la commission du règlement intérieur, en début de la semaine prochaine, et la tenue d’une plénière consacrée à l’élection d’un nouveau président. Pour sa part, Abderraouf Ayadi parle de « putsch constitutionnel fomenté par Ben Jaafar ».
Selon lui, le président de l’ANC « exécute des agendas que l’histoire révèlera », déplorant l’absence des deux vice-présidents de l’ANC des séances de concertation. Citant une déclaration publiée par les élus non dissidents, le rapporteur général de la Constitution, Habib Khedher, a rappelé que la décision de suspendre les travaux de l’ANC est une atteinte au règlement intérieur de la Constituante et à l’organisation provisoire des pouvoirs publics.
Samia Abbou (courant démocratique) a noté que des élus d’Ennahdha, du CPR et d’autres blocs ont manqué une séance durant laquelle des décisions pratiques allaient être prises. De son côté, le vice-président du groupe parlementaire Ennahdha a confié que son parti et le CPR disposent d’informations relatives à une éventuelle réunion, lundi prochain du bureau de l’ANC, justifiant ainsi l’absence des députés des deux blocs.