Opinion : Elyès Fakhfakh, ce ministre qui tient à son titre plus qu’à sa patrie ?

Nous sommes au mois de septembre et on ne parle pas encore du  budget de l’Etat 2014 censé être aujourd’hui à sa première mouture. Car l’usage veut que l’on commence à le préparer au mois de juillet pour en présenter une première esquisse au mois d’août. 

Mais de quoi parle-t-on là, les soucis d’Elyess Fakhfakh, ministre des Finances sont ailleurs. Car il ne voudrait pour rien au monde redevenir le directeur général qu’il était dans un groupe privé reconnu sur la place.

Narcissique et égocentrique, cherchant toujours ses propres intérêts et se rangeant systématiquement aux côtés des plus forts : « C’est ce qui expliquerait ses prises de positions proches de la Nahdha » témoignent certains des membres de son parti Ettakattol lui-même, ce personnage a trouvé un costume sur mesure labellisé « ministre » qu’il ne veut plus quitter.

Un ministre, de formation ingénieur et spécialiste en management humain et des organisations, qui s’est acharné sans vergogne sur les compétences de l’ancien régime les accusant toutes de corruption exprimant sa haine tout haut que ce soit dans des cercles privés, diplomatiques et nombre de fois publiquement. Soit dit en passant, il a oublié que si lui, a pu devenir aujourd’hui un ministre, c’est parce que c’est le produit des choix de deux régimes successifs, lesquels quoi qu’on puisse dire n’ont pas porté atteinte aux bases même de l’Etat tunisien et de ses Institutions et n’ont pas totalement détruit l’image de marque d’un pays qui s’est construit par la sueur de son peuple et par l’intelligence des premiers combattants pour son indépendance. Ceux qu’on refuse de reconnaître aujourd’hui comme pères de la nation parce que nous, tunisiens,  sommes toujours dans le déni de l’histoire dans une logique de « Il hadher yzazzi » (Le présent peut faire l’affaire).  Pire, ce monsieur qui faisait carrière chez un opérateur privé encouragé par les politiques économiques d’un Etat qu’il veut encore mettre en lambeaux oublie ou feint d’oublier que pendant longtemps du poste qu’il occupait, il avait traité avec des compétences et des hauts commis d’un Etat qui savaient préserver ses acquis et manier l’art de la gestion de l’Administration et ce malgré toutes  ses carences et sa soumission. Alors que son passage au ministère du Tourisme n’a laissé qu’amertume et déception auprès des ses cadres et pas seulement, ses proches collaborateurs ont également souffert de son attitude hautaine et arrogante. Ajouté à cela, l’art de dissimuler la vérité au peuple. Car alors que l’économie nationale se porte au plus mal, en témoigne l’UTICA, les experts économiques, les instances internationales telles le FMI et la Banque mondiale ainsi que les agences de notation, Elyess Fakhfakh est le seul à crier haut et fort : « Oui il y a quelques problèmes, mais qui ne sont pas dramatiques et auxquels nous arriverons à parer ».

Un ministre des Finances qui n’arrive pas à contrôler les dépenses publiques qui ont excessivement augmenté (+ de 43 %) en deux années seulement et qui n’ose pas dénoncer le nombre outrancier des secrétaires d’Etat et ministres dont les arrêtés comptables* dépasseraient les 300 aujourd’hui alors qu’ils étaient de 120 au gouvernement Ben Ali. Un ministre  qui n’ose pas donner un rapport régulier, sincère et une image fidèle de la situation financière et du patrimoine de l’État.

Un ministre qui s’aime trop pour aimer la mère patrie et qui tient plus à sa chaise qu’à la préservation de la Tunisie, de ses acquis et de ses institutions. Un ministre qui réponds bien à cette citation de Fouché : « Le pouvoir est comme la tête de Méduse : celui qui en a vu la figure ne peut plus en détourner son regard, reste fasciné et charmé. Celui qui, une fois, a goûté à l’ivresse de la domination et du commandement ne peut plus s’en passer ».

 

 

*Arrêtés comptables : Les « reporting » mensuels des salaires des hauts commis de l’Etat.