La Grande-Bretagne, pendant longtemps alliée inconditionnelle d’Ennahdha, pourrait bien laisser tomber le mouvement, et très prochainement, rejoignant ainsi le peloton des pays qui avaient cru qu’il pouvait y avoir un islam politique modéré et lesquels réalisent aujourd’hui que ça n’est que chimère.
De source proche des cercles du pouvoir britannique, l’ancienne puissance coloniale, initiatrice des accords de Sykes Picot de 1916 pour le partage du Moyen-Orient, mettrait des conditions drastiques à ses anciens protégés pour garder leur «amitié».
Ainsi, les Britanniques exigeraient qu’Ennahdha déclare publiquement ne pas faire partie de la confrérie internationale des Frères musulmans. Serait-ce possible ? Une récusation publique d’une appartenance tant revendiquée lors des années d’exil des militants islamistes et sacrée par la désignation de Rached El Ghannouchi, vice-président de l’Union internationale des savants musulmans? Mais aussi des positions tranchées en faveur des Frères musulmans en Égypte lors de leur récente destitution par le peuple soutenu par l’armée.
D’autre part, la G.B estime que le parti de Rached Ghannouchi ne doit pas dépasser plus de 20% en tant qu’acteur au pouvoir, ce qui dépasse largement les espérances du parti qui a perdu sa crédibilité auprès d’une large frange du peuple tunisien et qui aurait réalisé un sondage lui donnant un maximum de 12%. Plus encore, les «anciens, hypothétiques alliés» des Frères exigent que le parti reconnaissent certaines personnalités comme terroristes et fassent table rase de leurs projets «d’ikhouaniser» la Tunisie.
Traduction : revenir sur tout ce qui a été mis en place par l’aile dure du parti pour implanter un islam extrémiste en Tunisie et ce qu’il s’agisse des écoles coraniques à la pakistanaise ou de la formation d’imams et de prêcheurs au seul dessein de remonter les Tunisiens les uns contre les autres par des discours incitant à la division et traitant de larges pans de la population de mécréant.
Les Britanniques iraient plus loin, d’après notre source, en exigeant qu’Ennahdha dévoile la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, sur les assassinats politiques de Chokri Belaïd et Mohamed El Brahmi.
Sur un tout autre volet, Ennahdha devrait rendre plus aisée la tâche des Tunisiens modérés et progressistes qui devraient prendre la relève aux rênes du pouvoir et ne pas les diaboliser ou les salir.
La Nahdha répondra-t-elle positivement aux sollicitations de ses «presque» derniers alliés?
Difficile à dire, même si tout le monde s’accorde à dire que le mouvement islamiste est aujourd’hui acculé et qu’il est contraint bon gré mal gré à céder un pouvoir qu’il n’a pas su conserver parce qu’il l’a mal géré.
Mais les voies du pouvoir sont impénétrables !