La décision du pouvoir exécutif déclarant la mouvance Ansar Al-Chariaa «organisation terroriste» est un fait sans précédent, a estimé, vendredi, Me Anouar Ouled Ali, membre du comité de défense des causes justes. «Cette décision n’entre pas dans les attributions du pouvoir exécutif. Seul le pouvoir judiciaire est habilité à statuer sur cette question, une fois réunies les conditions d’un procès équitable pour les suspects», a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse.
«Cette mesure qui vise à disqualifier des adversaires politiques nous rappelle le procès intenté contre les salafistes sous l’ancien régime conformément à la loi sur le terrorisme claquée sur la loi anti-terroriste américaine», a-t-il ajouté. «Elle est extrêmement dangereuse, car elle vient mettre en cause le principe juridique qui prévoit que l’accusation est individuelle et ne peut être collective», a-t-il poursuivi.
Il estime que cette mesure intervient sous des pressions extérieures occidentales qui bannissent les courants salafistes connus sous l’appellation de «l’Islam extrémiste»; et que, en plus qu’elle comporte des lacunes, la conférence de presse donnée, récemment, par le ministre de l’Intérieur, doit relever, normalement des compétences du pouvoir judiciaire, a-t-il dit, précisant que «le pouvoir exécutif n’a pas le droit de révéler l’identité des détenus avant qu’un jugement définitif ne soit rendu». «L’accusé est innocent jusqu’à preuve de sa culpabilité », a-t-il encore argumenté. Il a, également, dénoncé les restrictions appliquées sur les avocats mandatés pour défendre les salafistes et les pressions exercées sur les détenus.