Inauguré en 1992, le Centre national de la céramique d’art fête cette année son vingtième anniversaire.
Le centre se trouve au mausolée Sidi Kacem El Jellizi, un monument datant de la deuxième moitié du XVème siècle, et situé aux limites de la médina de Tunis. Ce fut la demeure d’un artisan, d’un saint Sidi Kacem El Jellizi, né dans une famille de migrants andalous ayant séjourné à Fes (Maroc), avant de s’installer dans l’Ifriquiya Hafside.
Kacem El Jellizi, de son vrai nom Abou El Fadhl Kacem El Fessi (Fes) doit vraisemblablement, selon les historiens, son nom au métier du jelliz, (carreaux de céramique) qu’il exerçait avec une rare habileté technique et un grand sens esthétique. D’ailleurs, l’histoire de la céramique architecturale doit énormément au Maître du jelliz, les savoirs techniques et esthétiques charmés de l’Andalousie.
D’après la présentation faite par l’équipe du projet Medina-Tunis, Sidi Kacem fut un artiste mais aussi un très pieux, qui fut élevé au rang des saints personnages, vénéré par la population et jouissant de la considération des sultans hafsides.
A sa mort en 1496, le sultan en personne assiste à ses funérailles. Enterré dans sa propre demeure, celle-ci ne tarda pas à devenir un lieu de culte, zaouia, où on vient à la recherche de la baraka du Saint (pouvoir surnaturel).
Le lieu fut plusieurs fois restauré mais les travaux les plus importants sont dus à Abou El Ghaith el Kachech, le Cheikh des andalous de Tunis, qui affecta la zaouia comme gîte au morisques chassés d’Espagne.
Au Début du XVIIIème siècle, Hussein Ben Ali, premier bey husseinite en Tunisie, ajouta au complexe une mosquée qui abrite aujourd’hui un atelier de céramique moderne.
Le monument présente une magnifique cour à portique dominée sur un côté par l’imposante silhouette de la chambre funéraire alors que se distribuent sur les trois autres côtés des pièces réservées à l’origine aux indigents et aux pèlerins. Il fut aussi un lieu de transit pour les morisques chassés d’Espagne par Philipppe III.
Après une campagne de restauration en 1981, menée par l’Institut national du patrimoine (INP, Tunis) avec le soutien du gouvernement espagnol, le monument architectural, décoratif et ornemental caractérisé par la touche ifriquienne et celle andalouse, abrite depuis 1992, un musée de la céramique artistique destiné à la formation des céramistes.
Aujourd’hui, ce monument du XVème siècle abrite le centre national de la céramique d’art ayant pour principale mission l’étude des préoccupations actuelles de la céramique d’art et la réactualisation de ses techniques traditionnelles en vue de les intégrer dans le monde technologique moderne. Il offre ainsi un lieu où s’associent la création artistique et le savoir-faire artisanal.
Le centre dispose d’une belle collection de céramiques et de faïences tant locales qu’importées mais également d’anciennes stèles funéraires islamiques.