« La décision de classer Ansar Chariaa, comme étant un groupe terroriste, est une mesure administrative provisoire éminemment politique », a affirmé l’observatoire tunisien pour l’indépendance de la Magistrature (OTIM).
« L’objectif de cette décision est de contenir un éventuel développement des activités terroristes et d’exercer une pression sur l’organisation en question », a jugé l’Observatoire.
Dans un communiqué portant la signature de son président Ahmed Rahmouni, l’OTIM affirme que « cette décision n’est pas en soi une sanction pénale mais plutôt une mesure administrative qui n’obéit pas aux conditions requises par la Loi, ce qui laisse entrevoir des interrogations sur le bien-fondé des décisions administratives liées au gel des avoirs et à l’interdiction de voyager ».
« De facto, cette décision revêt une importance politique majeure, dès lors qu’elle aura un impact sur l’opérationnalité de ce mouvement, le prive du caractère civil, classe ipso facto ses activités comme actes criminels et partant facilitera la poursuite sécuritaire de ces éléments», indique l’OTIM. Pour l’OTIM cette décision aura des effets concrets sur le statut de certains droits et libertés, dont le droit de réunion, la liberté de circulation, le droit de propriété, mettant en garde contre les risques d’un éventuel amalgame entre les pratiques religieuses et les actes de violence.
Imputer à ce courant la responsabilité des assassinats des deux martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, dénote une évolution dans le traitement gouvernemental de ce dossier judiciaire, estime l’OTIM. Car, substituer le juge chargé de l’affaire avant la clôture de l’instruction constitue un empiètement sur les pouvoirs dévolus au juge et une violation au secret de l’instruction. Bien que les enquêtes menées contre Ansar Chariaa soient encore du ressort des instances judiciaires, sécuritaires et militaires, il n’en reste pas moins que des avancées ont été enregistrées, indique l’OTIM.