Tunisie – Artisanat : L’exposition-vente “Artisans de mon pays”

Rapprocher l’artisan Du consommateur est le principal objectif de l’exposition- vente “Artisans de mon pays”, placée sous le signe ‘de l’artisan au consommateur’ et qui se tient au centre des Foires Tunis-Aéroport, à la Charguia, du 19 au 29 août courant.

Organisée par la Fédération nationale de l’Artisanat, (relevant de l’UTICA), cette exposition regroupe une centaine d’exposants toutes spécialités confondues lesquels ont bénéficié de la gratuité des stands.

«L’objectif de regrouper, dans le même endroit, cet échantillon représentatif de l’ensemble des activités artisanales (broderie, bijouterie, tissage, cuir, articles de décoration…) représentant les quatre coins du pays, est d’impulser l’activité artisanale, durant cette conjoncture un peu délicate », a indiqué la responsable de l’organisation de cette manifestation, Mme Najet Laabidi.

Dans ce même contexte, elle a fait savoir que l’Office national de l’artisanat (ONA) et la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV) ont organisé, les 21 et 22 août courant, des visites guidées, à cette foire, au profit des touristes.

Pour Mme Laabidi, l’organisation de la foire s’inscrit dans le cadre de la promotion de l’investissement dans le secteur de l’artisanat auprès des jeunes promoteurs et des diplômés de l’enseignement supérieur. Elle a estimé, aussi, que cette exposition s’attèle à impulser le développement régional, en offrant la possibilité aux artisans de faire connaître, sur une large échelle, leurs produits, notamment ceux qui font valoir la spécificité et le patrimoine de leurs régions.

En Faisant le tour des différents stands de la foire, on s’émerveille de plus en plus de l’originalité, du charme et de la splendeur des articles exposés. Sabrine Aboubaker, artisane qui dirige avec son mari, depuis plus de 13 ans, un atelier spécialisé dans la fabrication des articles en bois, a souligné que l’artisan ne doit jamais se contenter de reproduire les mêmes pièces que celles créées par ses ancêtres.

D’après elle, l’artisan est un artiste et chaque article qu’il produit doit être unique en son genre. « Notre atelier présente à la clientèle tunisienne et étrangère un large éventail d’articles de décoration (des miroirs, des tableaux…) et de meubles (tables basses, buffets…), où l’aspect artisanal se joint à la modernité et la créativité », a-t-elle affirmé. L’accomplissement de ces œoeuvres nécessite, selon elle, un travail laborieux et une finition très minutieuse.

Pour ce qui est des prix de ces articles, elle a jugé qu’ils sont abordables surtout en comparaison avec la qualité et l’originalité de ces pièces uniques.

//La carence de la main d’œoeuvre qualifiée//
Latifa Founou, artisane spécialisée dans la fabrication des klims modernes, s’est plainte de la carence de la main d’œuvre qualifiée dans ce domaine, indiquant qu’elle a assuré la formation de ses apprenties (au nombre de 40) pendant une période six mois, afin de leur apprendre ce métier.

Bien qu’elle ait des clients tunisiens, aussi bien parmi les particuliers que les hôteliers, elle a fait savoir que ses klims méritent d’être commercialisés à l’étranger, d’autant plus que les designs proposés répondent à tous les goûts.

Originaire de Makthar, Mme Zohra Hamdi, spécialisée dans le tissage a souligné que le secteur de la tapisserie souffre d’une crise réelle, vu que le coût de production (matière première, main d’œuvre…) ne cesse d’augmenter, face à un marché en stagnation.

«La situation aujourd’hui est pire que celle qui prévalait en 2012, voire en 2011, l’année de la révolution. Pour nous 2013 est une année catastrophique ». Partageant le même point de vue, Faieza Ben Ahmed (Tataouine) et Rachida Ben Abbes (Kasserine), deux artisanes spécialisées respectivement en cuir et en alfa, ont affirmé que « gagner son pain est désormais difficile, avec la crise qui a touché le tourisme particulièrement ».Ainsi, elles ont demandé aux départements gouvernementaux concernés de les soutenir pour conquérir des marchés à l’étranger.

Dans le même contexte, Mouna Anbar, formatrice dans un centre spécialisé dans la création des articles de bijouterie, a préconisé de multiplier les espaces d’exposition et d’en faciliter l’accès aux artisans, notamment les jeunes promoteurs. Elle a même proposé d’ouvrir un espace d’exposition-vente des produits artisanaux dans chaque hôtel, de par tout le pays, ce qui est en mesure, selon elle, de promouvoir ce domaine d’activité.

Mouna qui a mis l’accent aussi sur le problème d’inondation du marché local artisanal de produits contrefaits, a appelé l’Etat à faire face à ce fléau qui limite la commercialisation des produits nationaux.

Exprimant son amour pour son métier, la jeune femme a tenu à rappeler qu’il s’agit là du patrimoine et de l’histoire de la Tunisie qu’il faut préserver et faire passer aux générations futures. Quant à Salah Salhi, artisan réalisant des produits en alfa, et Maha Hammami, spécialisée dans la peinture sur tous supports, ils ont appelé, tous les deux, à faire bénéficier les artisans de l’amnistie fiscale, à même de les aider à dépasser cette crise avec le moins de séquelles possibles.

Selon les derniers chiffres publiés par l’ONA, le secteur de l’artisanat contribue à hauteur de 2,2% aux exportations tunisiennes et représente 4% du PIB. La valeur des investissements annuels du secteur de l’artisanat qui fournit 7000 emplois par an, est estimée à environ 18,4 millions de dinars (MD). Le nombre des artisans opérant dans le secteur est de l’ordre de 350 mille, répartis sur 76 activités.

Le nombre des entreprises artisanales s’élève à 1200 dont 523 entreprises exportatrices, outre 72 boutiques agréées. Le secteur de l’artisanat compte 38 « Amine » (chefs de corporation) et 15 mille stagiaires et apprenants par an.