Palestine et la Belgique au festival international de Hammamet

A travers la photographie, la poésie théâtrale et la musique, langage universel, la 49ème édition du festival international de Hammamet s’est clôturée officiellement hier soir par la consécration d’un projet interculturel, avec trois moments forts: le regard photographique belge sur le créateur palestinien, la lecture théâtrale tunisienne du texte belge “Hêtre” et la création musicale belgo-palestino-tunisienne “El Manara”.

A la fin de la soirée “de l’échange et de l’amitié entre trois pays, la Tunisie, la Belgique et la Palestine”, comme l’a présenté le directeur du festival international de Hammamet, l’ambassadeur palestinien Salman El Herfi a décoré Fethi Heddaoui, “ce créateur, tunisien de nationalité, palestinien de coeur” a-t-il indiqué. De son côté, le directeur du festival a annoncé que la Belgique sera l’invitée d’honneur de l’édition 2014, une édition qui fêtera son cinquantième anniversaire.

Dans des purs moments d’émotion, la soirée de clôture officielle à laquelle a assisté également l’ambassadeur de Belgique en Tunisie, Patrick De Beyter, a été marquée par la concrétisation de tout un projet que des acteurs culturels belges, palestiniens et tunisiens ont entamé depuis 2008.

La consécration a débuté par le vernissage de l’exposition photographique “25 portraits au coeur de la réalité palestinienne” de Véronique Vercheval. Une militante belge qui a tenté de poser son regard sur la Palestine, terre de guerre mais aussi terre de mariages, d’amour, des ancêtres, de la peur et de la musique.

Tout en racontant les cicatrices d’un pays meurtri, les notions de soi et d’Etre ont été interrogées, à travers la poésie. Par la tendresse des mots, les deux comédiennes tunisiennes Souhir Ben Amara et Aicha Ben Ahmed, se sont emparées, dans un jeu théâtral “tunisifé” du texte de l’auteure belge Cécile Delberg, “Hêtre”. Elle s’appelle en Belgique, “Hêtre” comme l’arbre, fille du menuisier “Olivier”. L’histoire d’Hêtre qui peut s’appeler en Tunisie Om Fares et Yasmine, tourne autour de l’enfance. L’enfance, c’est l’universel, qui unit TOUS où qu’ils soient. Car ils ont les mêmes soucis: grandir. Ils ont les mêmes rêves: devenir adultes. Et ils ont aussi les mêmes envies: que leur enfance se pose sur la surface de la terre.

Etre proches de la terre, c’était le but d’El Manara aussi. Pieds nus, les musiciens de nationalité multiple ont fait leur entrée sur scène avec un salut sous les ovations d’un public, emporté tout au long du concert, vers de fortes émotions.

Au son d’une musique métissée composée par le joueur au bouzouk et au violon alto Ramzi Aburedwan et le Chef d’orchestre et pianiste Eloi Baudimont, la formation musicale a offert des morceaux colorés pour “Baghdad”, et un hymne à la Palestine avec “La mer”, visible et non accessible, avant de finir avec un beau morceau “La course”. Introduisant cette mélodie, Ramzi Aburedwan a tenu à signaler “Notre vie est une course car nous devons toujours courir pour pouvoir respirer…vivre”.

Avec trompette, flûte, accordéon, saxophone, contrebasse, bouzouk, oud…et sur fond de musique mélancolique, rythmée et joyeuse, le public a eu un écouter des textes de Mahmoud Darwish dont “La terre nous est étroite” et “Nous aimons la vie autant que possible” en arabe par Mondher Alrae mais aussi en français, par Cécile Delberg.

Dans cette “ratatouille artistique magnifique” a indiqué Serge Hustache, député de la province belge Hainaut, on a voulu “tracer des pistes de dialogue et d’échange où les murs sont érigés”. Cette soirée “belle car plurielle” a-t-il conclu, est l’une des réponses au chaos de l’ignorance.