Clôture du Festival de Hammamet : Témoignages sur la Palestine…celle des créateurs

“25 portraits au coeur de la réalité palestinienne” est l’intitulé de l’exposition de la photographe belge Véronique Vercheval, qui a été inaugurée hier dans le cadre de la clôture officielle de la 49ème édition du festival international de Hammamet.
La cérémonie de vernissage s’est déroulée en présence des ambassadeurs de Belgique et de Palestine en Tunisie ainsi que de plusieurs personnalités et acteurs culturels belges, tunisiens et palestiniens.

// L’ambassadeur de Palestine: “Véronique a pu avec sa caméra briser le silence // “C’est en Tunisie, que nous fêtons avec nos amis belges, les valeurs profondes de la résistance par l’art et c’est à ce pays hôte que nous disons que vous êtes un exemple et un modèle” a déclaré l’ambassadeur de Palestine en Tunisie à l’agence TAP, lors du vernissage de l’exposition.

L’ambassadeur Salman El Herfi a tenu à remercier la photographe belge “cette militante qui, face au colon criminel ayant tenté d’offenser l’identité réelle du peuple palestinien, a pu avec sa caméra, briser le silence pour dire au monde entier que la Palestine, au delà de l’image véhiculée par les médias à l’échelle internationale, est aussi “Beit el Chaar”, et la poésie de Mahmoud Darwish”.

Entouré de 25 portraits ornant les cimaises de Dar Sébastian, ce petit lieu chargé de beaucoup d’histoires, l’ambassadeur a tenu à féliciter “l’amie de Palestine pour avoir donné une image d’un peuple qui n’est pas seulement porteur d’un fusil de guerrier, mais aussi d’un peuple qui mérite la vie”.

// Daniel Soil: Au delà de l’entité, c’est une image unique que Véronique donne sur la réalité palestinienne // Pour Daniel Soil, délégué de Wallonie Bruxelles, le regard que propose Véronique est celui des palestiniens. “Au delà de l’entité que nous soutenons chaque fois que possible”, a-t-il indiqué, “il y’a des hommes et des femmes créateurs, artistes et animateurs culturels que Véronique a saisi avec son appareil photo pour nous donner une image unique et exceptionnelle de la réalité palestinienne”.

Dans ce rapport de grande sympathie non seulement avec la Palestine mais aussi avec toutes ces personnes qu’elle a croisé et qu’elle a photographié, Véronique Vercheval a, lors du vernissage, tenu à signaler que ce travail est le résultat de plusieurs années de visites régulières en Palestine depuis 2002.

En 2008, se rappelle-t-elle, la communauté française de Belgique a décidé de faire un focus sur la Palestine et sa culture en invitant en Belgique de nombreux artistes palestiniens, cinéastes, comédiens etc.

Et c’est de là, qu’est née l’idée de faire les portraits de ces personnes en accompagnant le projet “Masarat-Palestine” en 2008 à Ramallah et en Cisjordanie.L’objectif était de montrer une image autre de celle d’un peuple qui est toujours représenté dans la souffrance, uniquement”.

En Palestine, témoigne-t-elle, “il y’a des acteurs culturels qui ont extrêmement les mêmes rêves que les créateurs du monde entier”.

// 25 portraits: montrer une image autre de celle d’un peuple qui est toujours représenté dans la souffrance //
Et c’est parce que la création procède au départ du quotidien, que ces portraits sont aussi en rapport avec les images de l’occupation, des murs, de la position des colons, des maisons détruites…

Dans ce quotidien de la Palestine, on y retrouve l’écrivain, acteur et réalisateur Bassim Nair qui, sur un ton ironique décelé et profondément engagé, décrit à travers ses textes et films des situations vécues en Palestine où des bâtiments ont été détruits par l’armée israélienne pendant le long siècle de l’opération Rempart en avril 2002.

Wassim Odeh et Srour Saliba, deux musiciens du groupe Watar tentent à travers leur musique orientale classique et contemporaine à lutter contre la batardisation de la musique arabe.

Parmi ces portraits, on ne peut pas rester indifférent à celui de Nathalia Handal, poète, écrivaine, dramaturge et éditrice dont l’oeuvre est celle de l’exil et de l’errance géographique et émotionnelle…mais aussi Adila Laidi, intellectuelle militante qui a mis sur pied en 2001 l’exposition “100 Shaheed, 100 lives” un hommage aux 100 premiers hommes, femmes et enfants tués pendant El Entifadha.

La première Entifadha en 1987, où des enfants ont pris la pierre comme arme pour se défendre. Des enfants comme Ramzi Aburadwan, dans le passé, enfant du camp de réfugiés d’Al Amari à Ramallah, aujourd’hui, grand compositeur, artiste engagé dans le projet musical belgo-palestino-tunisien “El Manara” proposé hier soir en avant première mondiale lors de la clôture officielle du Festival International de Hammamet.