Le président de l’Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, a annoncé, mardi 6 août, la suspension des travaux de l’ANC jusqu’à l’ouverture d’un dialogue national global regroupant toutes les factions politiques.
Cette décision, prise juste avant le rassemblement anti gouvernement au Bardo, a ébranlé la classe politique dans son ensemble.
Les Ligues de protection de la révolution ont qualifié le gel des travaux de l’ANC de “coup d’État“ et appelé leurs partisans à manifester au Bardo pour dénoncer cette décision. A noter au passage que ces Ligues ont également menacé de renverser Ennahdha et de l’empêcher de remporter les prochaines élections, et ce suite aux récentes déclarations de Rached Ghannouchi au journal belge Le soir où il évoquait la possibilité de suspendre voire annuler la loi d’immunisation de la révolution.
De son côté, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui a pris part à la manifestation du 6 août 2013 en hommage à Chokri Belaid, assassiné il y a six mois, a déclaré par le biais de son secrétaire général adjoint, Samir Cheffi à radio Shems Fm, que le gel des travaux de l’ANC est une étape positive vers le dialogue pour sortir le pays de l’impasse.
Décision insuffisante, selon la députée à l’ANC Najla Bouriel. S’exprimant sur les ondes de Shems Fm, l’élue du parti l’Alliance Démocratique, a avancé que les membres d’Ettakatol –le parti de Mustapha Ben Jaafar- auraient pu faire plus de pression pour que le président de l’ANC prenne des décisions plus audacieuses.
Maya Jeribi, secrétaire générale du Parti républicain Al Joumhouri, qui a participé au sit-in Erahil, considère que l’initiative de Mustapha Ben Jaafar est un aveu d’échec de l’ANC.
Selon elle, cette décision de geler les travaux de l’ANC a été prise pour répondre aux revendications du peuple, à savoir la chute du gouvernement et la dissolution de l’Assemblée.
De même, le député retiré de l’ANC pour le Parti républicain Al Joumhouri, Noomane Fehri, a appelé à la démission de Mustapha Ben Jaafar qui a échoué dans sa fonction de président de l’ANC.
Intervenant dans la même radio, la députée du parti islamiste au pouvoir, Fattoum Lassoued, estime que la décision de suspendre les travaux de l’Assemblée est surprenante mais non arbitraire, puisque selon elle, Mustapha Ben Jaafar a sûrement des intérêts en prenant cette initiative.
Par ailleurs, le président du bloc parlementaire Liberté et Dignité à l’Assemblée nationale constituante, Mohamed Tahar Ilahi, a qualifié cette décision de sérieuse et intelligente qui envoie un signe positif à tous les Tunisiens y compris les députés qui se sont retirés de l’ANC.
Dans une interview accordée à Mosaïque Fm, le professeur de droit constitutionnel, Kais Saïed, a déclaré que la décision de Mustapha Ben Jaafar de suspendre les travaux de l’ANC est illégale et ne relève pas de ses prérogatives.
Selon lui, l’alternative pour se sortir de la crise est que chaque parti reconnaisse son erreur et que les pouvoirs publics soient réorganisés.
Le gel des travaux de l’ANC va-t-il remettre en cause le calendrier de sortie de crise proposé par Ali Larayedh, à savoir achever la Constitution d’ici au 23 octobre et la tenue d’élections le 17 décembre ?