Le ministre de l’Intérieur Lotfi Ben Jeddou a soutenu que son ministère “est un organe exécutif et non pas un organe de suivi”, indiquant que “le placement de quiconque sous écrou ne peut intervenir qu’en application de l’action publique ou de poursuites engagées par le ministère public”.
Le ministre répondait aux interventions des députés lors de la séance plénière de questions au gouvernement consacrée par l’Assemblée nationale constituante à la situation sécuritaire dans le pays et à l’éloge funèbre du député martyr Mohamed Brahmi.
Selon lui, la plupart des membres du groupe qui a assassiné Mohamed Brahmi et Chokri Belaïd avaient fait partie du mouvement d’Ansar Al-Chariaa, affirmant par contre que “rien ne peut encore prouver l’implication de ce mouvement dans les deux assassinats ou dans le terrorisme ou seulement certains de ses membres, seule l’enquête” pouvant confirmer ou infirmer cette hypothèse.
Il a en outre souligné que le ministère se garde de faire un amalgame entre les différents groupes salafistes, faisant valoir que nombre de ces groupes n’adoptent ni prônent la violence. Il n’est pas exclu que des parties extérieures aient pu noyauter le groupe responsable du double assassinat, compte tenu du fait que certaines de ces parties sont impliquées dans l’introduction en contrebande d’armes en Tunisie.
De son côté, le ministre des Affaires religieuses Noureddine Khademi a rappelé, en réponse aux questions des députés sur la position de son département concernant la violence et le terrorisme que “le meurtre, la violence et l’incitation à la commission de tels crimes comptent parmi les plus grands péchés” en islam.
Il a indiqué d’autre part que le nombre de mosquées ayant été soustraits au contrôle des autorités aux lendemains de la révolution est tombé de 1100 à une centaine actuellement, rappelant la mise en place d’une commission de suivi et de recensement, spécialement dédiée à la gestion de ce dossier.
Il a précisé que les occupations de mosquées sous la contrainte avaient été traitées par voie judiciaire et sécuritaires, incluant l’engagement de poursuites pour usurpation de fonction (dans le cas d’imams autoproclamés) et incitations à la violence (pour d’autres cas).
Quant au ministre de la Justice Nadhir Ben Ammou, il a nié que son ministère ait fait montre de “faiblesse et d’hésitation”, s’insurgeant contre les allégations selon lesquelles “les juges relâchent les criminels arrêtés par les autorités sécuritaires”. “Nul n’est au-dessus des lois”, a-t-il martelé, arguant qu’il ne doit jamais sagir de poursuites comme une fin en soi mais de ne placer en détention que les prévenus dont la culpabilité serait établie.
En tout état de cause, a-t-il ajouté, “le ministère n’a et n’exerce aucun contrôle sur le travail des magistrats, la recherche des preuves et présomptions à charge comme à décharge incombant au juge d’instruction.
Le ministre de la Justice a en outre fait état des conditions de travail difficiles du parquet comme des juges, ainsi que de “la situation dérisoire et incompatible avec le prestige de la justice” dans laquelle se trouvent un grand nombre de tribunaux.