Nombre de partis politiques ont condamné avec la plus grande force, mardi, la lâche et sanglante opération terroriste qui avait coûté la vie à huit militaires au Mont Chaambi, estimant que ce crime ignominieux s’inscrivait dans le cadre d’un plan méthodique destiné à déstabiliser le pays.
Pour le Courant populaire, ce crime ignoble ne pourra jamais dissuader le peuple tunisien d’aller de l’avant « pour la réalisation de sa révolution d’ajustement », considérant qu’aussi bien l’Assemblée nationale constituante que le pouvoir qui en est issu « ont perdu leur légitimité dès l’instant de l’assassinat de Mohamed Brahmi », coordinateur général du mouvement.
Dans le même communiqué, le Courant populaire appelle le peuple tunisien à la cohésion et à redoubler de volonté pour sauver la Tunisie et préserver ses acquis et son intégrité sociale et territoriale.
Le Mouvement démocratique pour la réforme et la construction plaide de son côté pour la constitution d’un front uni contre le terrorisme pour extirper ce phénomène du pays. Il estime à ce propos indispensable de rassembler tous les protagonistes politiques et de laisser de côté les différends marginaux et les calculs étroits.
Quant au Parti des travailleurs, il fait porter au gouvernement l’entière responsabilité de la « détérioration tragique » de la situation sécuritaire, en référence aux accrochage à répétition au Chaambi, à la prolifération sans précédent d’armes de guerre, à la montée en puissance du discours religieux radical et à l’incitation à la violence dans les mosquées et l’espace public.
Cette agression, estime le Parti des travailleurs, inspire d’autant plus la suspicion et soulève des interrogations qu’il concourt à « faire diversion et détourner l’attention du peuple de la tâche consistant à dissoudre l’Assemblée nationale constituante et déchoir le gouvernement de l’arbitraire ».
Il appelle le peuple tunisien à s’unir et à « priver ainsi la bande despotique de l’aubaine de faire main-basse sur le pays et le peuple ». Le Parti des patriotes démocrates unifié stigmatise lui aussi ce crime ignoble, ses commanditaires et ses auteurs, imputant la pleine responsabilité de ce crime au « gouvernement de la Troïka conduit par le mouvement Ennahdha » qu’il accuse d’être impliqué dans le terrorisme et d’en être le protecteur.
Le PPDU souligne la nécessité de « dénoncer cette concomitance suspecte entre l’activisme populaire et le carnage immonde commis au Mont Chaambi ».
Il a en outre marqué son rejet des propos tenus la veille par le chef du gouvernement et dont la tonalité trahit selon lui « l’intimidation du peuple et l’obstination à s’accrocher au pouvoir », y voyant « un autre signe d’un échec patent et de mépris à la volonté du peuple.
De son côté, le parti du Forum destourien a fait porter au gouvernement la responsabilité de la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays, appelant à la formation d’un gouvernement de salut national, « à l’abri des considérations de contingentement partisan et sur la base des seuls critères de la compétence, du mérite et de l’amour de la Tunisie afin de soustraire le pays au goulet d’étranglement ».
Nombre de composantes de la société civile ont par ailleurs lancé un appel à l’unité et à la solidarité afin de préserver la cohésion du peuple, défendre les valeurs citoyennes et républicaines, conforter la souveraineté nationale et mettre le pays à l’abri de toute menace intérieure ou extérieure.
Pour le président du Courant Al-Mahabba (ex-Alaridha Chaabia), Mohamed Hachmi Hamdi, « ce qui s’est passé montre que les groupes terroristes mènent une guerre féroce contre le système démocratique et la révolution tunisienne », affirmant que les terroristes ne veulent pas que la Tunisie parvienne aux élections, qu’elle se dote d’un régime démocratique stable et que l’alternance pacifique au pouvoir y devienne une réalité ».
Il en a profité pour rejeter l’appel en faveur de la désobéissance civile, estimant que seul le dialogue pourrait permettre à la classe politique de trouver la voie du consensus et d’épargner au pays les risques d’un vide constitutionnel.
Le Parti de la justice et du développement estime quant à lui que l’effroyable carnage qui a coûté la vie à huit militaires « procède de toute une série d’actions violentes destinées à arracher le pouvoir par la force, à compromettre le processus de transition démocratique pacifique et à précipiter le pays dans la spirale de la violence et du chaos ».
Il appelle le peuple tunisien à faire montre de cohésion et de solidarité et demande au président de la République d’user de son autorité pour diligenter une enquête transparente et indépendante afin de démasquer toutes les parties impliquées dans ce crime.
Il s’est en outre dit persuadé que la partie responsable de cette tragédie est la même qui avait assassiné Lotfi Nagdh, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.
De son côté, le parti Al-Moubadara a appelé les Tunisiens à se serrer les coudes, à faire front avec audace et fermeté aux tenants de la sédition, du terrorisme et de l’obscurantisme et à placer l’intérêt supérieur du pays au-dessus des contingences, mettant en garde contre ce qu’il appelle de « grands et nombreux périls » et contre les risques d’une « guerre civile imminente et dévastatrice ».
Il a demandé aux institutions de l’Etat, aux partis politiques, aux organisations nationales et aux composantes de la société civile « à procéder à un examen de conscience, à assumer leur pleine responsabilité et à concourir à rechercher les solutions appropriées, sur une base consensuelle, pour protéger la Tunisie et garantir son intégrité territoriale, son indépendance et sa sécurité ».
Le Mouvement des démocrates socialistes (MDS) considère que « la succession, le nombre accru et la nature des opérations terroristes commandent à toutes les parties prenantes nationales de dépasser leurs différends, leurs différences et leurs contradictions, d’harmoniser leurs positions et leurs initiatives au sujet de la sécurité du pays et de réunir les attributs de son invulnérabilité et de sa stabilité ».
Pour le MDS, l’intégrité et la sécurité de la patrie ne doivent jamais cesser d’être la responsabilité de tous, sans exclusive, considérant qu’une telle responsabilité est principalement tributaire du dialogue, à l’abri des tensions, des surenchères et des querelles idéologiques.
Le Parti des verts pour le progrès souligne pour sa part que la protection de la souveraineté nationale commande davantage de coopération et de coordination entre l’armée nationale, l’institution sécuritaire et tous les organismes concernés comme la douane et la protection civile, tout comme elle nécessite la mise en place d’une cellule de veille et de suivi pour l’éradication de tous les foyers de terrorisme dans le pays.
Le Front de la réforme pense quant à lui que ce crime ignoble vise à « saper la stabilité du pays en s’en prenant à la vie et aux biens des gens et en poussant le pays vers l’inconnu et le chaos ». Il appelle les trois présidences et toutes les composantes de la société civile à bannir la discorde et à se dresser en front uni contre tout ce qui pourrait menacer le pays.