Lors de la manifestation pro-Morsi organisée samedi 13 juillet sur l’avenue Habib Bourguiba, le président du boc parlementaire d’Ennahdha à l’Assemblée constituante, Sahbi Atig, aurait menacé de piétiner tous ceux qui s’opposeraient à la légitimité d’Ennahdha.
«Pour ceux qui oseront tuer la volonté du peuple, aussi bien en Tunisie qu’en Egypte, la rue tunisienne sera autorisée à en faire autant, y compris d’en faire couler le sang (”youstabahou”)», a-t-il crié au micro, devant quelques centaines de partisans d’Ennahdha.
Ces propos ont secoué la scène politique.
Lazhar Akermi, membre de Nida Tounes:
Les propos de Sahbi Atig n’ont pas été “calculés”, mais ont été proférés spontanément sous l’effet du stress et de la panique. Il faut tirer des leçons de ce qui s’est passé chez les Frères musulmans égyptiens.
Salma Baccar, députée d’El Massar à l’ANC:
«Il (ndlr, Sahi Atig) est préoccupé, il est perturbé. Il a peur». On doit tirer des leçons des évènements survenus en Égypte et non en faire un modèle à suivre.
Mustapha Ben Jaâfar, président de l’ANC:
Sahbi Atig pourrait regretter ses déclarations. Dans des moments pareils, l’être humain peut se tromper et regretter par la suite ses propos.
Leila Ben Debba, avocate:
Les déclarations de Sahbi Atig constituent une incitation au meurtre et sont donc «punissables par la justice et tombent sous l’article 222 du Code pénal».
Mohamed Bennour, porte-parole d’Ettakatol:
“Le discours tenu par Atig est dangereux. Sahbi Atig a oublié qu’il est un représentant du peuple tunisien à la Constituante, et non d’un parti politique”.
Le communiqué du Parti des travailleurs tunisiens:
Ce genre de menaces n’aura aucun impact sur la lutte de l’opposition en Tunisie. Nous lançons un appel au Mouvement Ennahdha d’entamer des poursuites judiciaires à l’encontre du chef de son groupe parlementaire à l’ANC, Sahbi Atig, en raison de ses récents propos.
Samir Bettaïeb, porte-parole d’Al Massar :
Les propos de Sahbi Atig prouvent la faiblesse politique du parti au pouvoir. Le côté agressif et violent a toujours été associé au parti islamiste, depuis sa création.
Abdessattar Ben Moussa, président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH)
Les propos de Sahbi Atig expliquent pourquoi le mouvement Ennahdha s’est abstenu de signer le document issu du congrès national contre la violence tenu dernièrement.
Le comité directeur de la LTDH va tenir une réunion, lundi 15 juillet, pour examiner ces déclarations et publier un communiqué à ce sujet. Une lettre va être envoyée, dans ce sens, à l’ANC.
Meherzia Laâbidi, vice-présidente de l’ANC
Les déclarations de Sahbi Atig ne constituent pas un appel à la violence. Il aurait toutefois été préférable que le président du bloc Ennahdha n’emploie pas le “istibéha”.
Suite aux récentes réactions de l’opposition face au discours du député Sahbi Atig, lors de la manifestation pro-Morsi, le mouvement Ennahdha a déclaré, via sa page facebook, que les propos de Sahbi Atig ont été sortis de leur contexte.
Selon le communiqué d’Ennahdha, le président de son bloc parlementaire à l’ANC avait recours à une métaphore contre ceux qui pourraient porter atteinte à la légitimité et à la volonté du peuple tunisien.
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