La ponctualité était au rendez-vous hier soir lors de la soirée aux couleurs chinoises, la troisième au programme du festival International de Carthage. Le spectacle a commencé à 22h3O pour terminer à 23H45. 75 minutes de jeu théâtral maximal dans une représentation, pour les non avertis, abstraite, athlétique et rapide basée essentiellement sur les arts martiaux.
Ce qui épate, cest cette force des mouvements qui mettent à lépreuve la haute technicité artistique, musculaire et articulatoire des acteurs, jongleurs et acrobates, pour raconter des histoires légendaires, tirées de la mythologie chinoise.
De ces combinaisons de corps solitaires, en duos, trios ou en groupe, les acteurs, comme des électrons donnent à voir des tableaux chorégraphiques extraits de cette mythologie. Bien que la langue pose problème, une voix off aide le public à comprendre ce quil va voir :” Les pétales jetées par les fées”, un tableau sur la spiritualité ou encore “Le roi des singes” choisi par le Dieu du ciel pour surveiller le jardin des pêchers.
Jusquau bout mal à laise mais attentif, le public de nationalité tunisienne mais aussi étrangères sest trouvé devant un spectacle difficile à décoder. Face à une scène nue et dans le silence absolu, une certaine froideur permanente sest ressentie en vivant une abstraction presque complète.
Ceux qui ont préféré rester jusquà la fin ont essayé de découvrir ce patrimoine immatériel de la Chine. Car pour appréhender ce genre de spectacles, il faudrait avoir une certaine idée de la culture chinoise surtout que la langue pose problème : En effet, les costumes somptueux aux couleurs flamboyantes donnent une image sur les personnages, signe de bonté ou de mal, les maquillages traditionnels livrent quant à eux un message. Même la sonorité, qui nous n’est pas familière possède sa propre spécificité pour décliner les traditions et raconter les pratiques bouddhiques, les cérémonies mortuaires, larmée céleste, lennemi et lamour…
Bien quinscrit dans le cadre dune tournée « la culture sino-arabe reprend la route de la soie » le spectacle naurait pas réussi à rétablir le contact escompté. Toutefois, le public, même sil a commencé à quitter les lieux petit à petit tout au long de la soirée et dans une discrétion inégalée, a fait preuve dune grande générosité et délicatesse. Cest du chinois, mais il a applaudi fortement dans un geste à saluer grandement.
“Le spectacle est du moins quon puisse dire médiocre, je mattendais franchement à voir plus de charme classique chinois”, balance un quadragénaire à la tombée du rideau. Sa fille, rajoute avec finesse “je suis déçue, je mattendais à mieux”. Dans un autre témoignage, une femme âgée, avec le sourire aux lèvres murmure, “cest leur culture il faut la connaître pour la comprendre mais ce spectacle nest pas à programmer dans un festival pareil”.
Certes, la culture chinoise est réputée pour son raffinement et sa grâce et le public de Carthage a fait preuve lui aussi de beaucoup de grâce malgré sa déception face au charme surement mais cest du chinois, commente un petit enfant.