Il porte en lui la magie des choses obscures: c’est l’ensemble russe “Les choeurs de l’armée rouge” qui a ouvert samedi soir vers 22H50 la 49ème édition du festival international de Carthage.
Un nouveau rendez-vous qui vient de donner un ton fort pour dire qu’il s’étoffe et s’enrichit au grand bonheur des plus frileux aux branches musicales où cette fois, seuls les choristes sous la houlette du Général Viktor Eliseev se sont perchés de la langue russe vers la parole arabe.
Après avoir interprété l’hymne national de Russie, l’ensemble officiel du ministère de l’Intérieur russe n’a pas omis, par diplomatie et courtoisie, de chanter également l’hymne national de la Tunisie, en compagnie de l’artiste tunisien Sofien Zaidi.
La surprise fut ainsi dévoilée lors de l’apparition de Sofien, premier artiste tunisien a avoir eu le privilège de monter sur scène aux côtés du plus grand ensemble militaire artistique dans le monde, composé pour ce spectacle de 95 choristes, musiciens et danseurs.
Dans une liberté d’action inégalée, dans tous ses actes, la formation militaire a offert au public un véritable cadeau sinon un régal. En tenue militaire, signe de sérieux et de discipline, elle a tout simplement fasciné et bouleversé les esprits.
Hors des sentiers battus, les artistes ont donné, à travers ce concert, la preuve que l’art, la joie, l’humour et le divertissement ne sont pas contradictoires à l’esprit de l’engagement et de la discipline.
Bien au contraire, sans humour et sans art, l’âme ne serait que désuète et la vie insupportable. Avec un jeu de mains extrêmement percussif, les musiciens ont joué des répartitions assez diversifiées du répertoire traditionnel russe, des aires classiques ou de la variété internationale pour ne citer que la célèbre “Sex Bond” qui a fait sursauter non seulement le public mais aussi les choristes, après avoir eu, dans les règles de l’art, l’autorisation du Général.
Dans ce carrefour mitigé d’artistes et d’expressions musicales, le concert a été à l’épreuve: le parterre est impressionnant et la vision est émouvante. Avec les ovations répétées et rythmées, le public cosmopolite de Carthage a pu savourer les voix de cristal du malvoyant Alexey Voljanine, mais aussi de la diva rouge Natalya Kurganskaya, qui a ébloui par sa danse à l’oriental.
Dans cette fresque générale où tous les ingrédients d’un art vivant et d’un spectacle scénique se sont réunis, l’ensemble a pu transmettre l’émotion du grand art. Et le public n’a pas été insensible à la puissance d’un choeur d’hommes touchant l’âme de chacun, à travers des voix et des timbres intenses et profonds qui apportent du réconfort et un pansement à l’âme.
Et c’est avec la célèbre “Kalinka”, une chanson d’amour poétique à la fois amusante et coquine que la première soirée de la 49ème édition du festival de Carthage s’est terminée vers 1H00 en attendant d’enchaîner samedi à 22h30 avec un spectacle en provenance des Etats Unis “One republic” (une seule république).